Entretien avec Martine, 77 ans
Quel a été ton chemin vers zazen ?
Depuis de nombreuses années, je m’intéresse au bouddhisme. Quand j’entendais parler du bouddhisme, j’avais toujours l’impression qu’il s’agissait de quelque chose de positif. J’ai commencé à acheter l’un ou l’autre livre. Le premier livre que j’ai lu, c’est mon mari qui me l’a donné, c’était « Siddhartha » de Herman Hesse. Il m’a beaucoup touchée, il était tellement différent.
Pendant de nombreuses années, j’ai été très prise par le quotidien, par ma famille et par mon travail, et il ne me restait plus de temps, plus de temps pour lire ou écouter de la musique. Plus tard, quand je n’ai plus eu besoin de travailler, j’ai eu des problèmes de santé. Je n’allais pas bien du tout et j’avais le sentiment que quelque chose devait changer. J’ai recommencé à m’intéresser au bouddhisme et à la méditation. J’ai été soutenue par mon mari et par des amis. Quelqu’un m’a montré comment méditer et ensuite cela ne m’a plus quitté. J’ai toujours eu l’impression que c’était ce qui manquait dans ma vie.
Au bout d’un certain temps, j’ai eu l’impression qu’il était préférable de ne pas méditer seule, mais en groupe. J’ai donc cherché autour de moi, j’ai parlé à différentes personnes et j’ai participé à des groupes ici et là, mais je restais indécise. Je suis ensuite tombée sur un dojo zen et j’ai envisagé de participer à une initiation. Comme ma condition physique n’était pas bonne, on m’avait prévenue que la méditation zen serait trop fatigante pour moi. Mais finalement, j’y suis allée et je suis restée.
En zazen, tu es assise sur un tabouret. Il en a toujours été ainsi ?
Oui, je ne peux pas faire autrement. J’essaie parfois de m’asseoir sur un coussin, mais ma condition physique ne me le permet malheureusement pas souvent.
Quelle importance a zazen dans ta vie aujourd’hui ?
Plus je me consacre à zazen, plus il m’attire. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre, mais je ne pense pas que je puisse rencontrer quelque chose qui me semblerait mieux. Il y a certainement encore beaucoup de choses merveilleuses qui me plairaient, mais je n’ai besoin de rien d’autre. Zazen me comble, tout simplement. Grâce à zazen, j’ai la possibilité de travailler sur moi et d’évoluer librement en fonction de mes expériences et de mes connaissances. Toutefois, je regrette d’avoir commencé si tard.
J’ai également plaisir à me pencher plus profondément sur l’enseignement, sur les textes zen et à m’y confronter, seule ou avec d’autres. La sangha, la communauté avec les autres pratiquants du zen, me donne un fort sentiment « d’être chez moi ».
Zazen est devenu déterminant dans ma vie. J’ai l’impression de voir les choses plus clairement et de les vivre plus intensément. Par exemple, comme toute personne normale, je respecte les principes de la vie en société, mais maintenant je comprends mieux pourquoi. Je perçois plus consciemment les conséquences si j’agis avec négligence ou pour ma commodité. De même, depuis que j’ai reçu l’ordination de bodhisattva, je suis beaucoup plus motivée pour orienter mes actions vers le bien-être des autres.