Entretien avec Paul, 21 ans
Comment es-tu arrivé au zen ?
Juste comme ça. Mon père m’a emmené avec lui et j’ai voulu y jeter un coup d’œil par intérêt. Depuis que je suis enfant, je sais qu’il existe quelque chose comme le zen, mais je n’en avais aucune idée concrète. Mon père m’a emmené une fois au dojo pour faire zazen et m’a dit que si je n’en avais plus envie, je pouvais quitter le dojo, mais que je devais rester silencieux. Je sortais alors de temps en temps et je tapais toujours sur la vitre de l’extérieur. Les autres ne trouvaient pas cela très drôle !
À 19 ans, mon père m’a emmené pour la première fois à une sesshin. Au début, j’ai trouvé difficile de rester assis pendant quarante minutes et de me vider la tête.
Pourquoi tu participes à une sesshin ?
J’ai trouvé cela intéressant parce que le zen va au-delà de la « normalité ». Ce n’est pas comme dans la vie quotidienne où il s’agit de gagner de l’argent ou de s’amuser. C’est une autre dimension de l’être, avec une satisfaction plus profonde. Le sujet était intéressant, même si je ne savais pas à quoi cela ressemblait.
Tout le monde disait que zazen était difficile au début et que cela prenait du temps. Moi non plus, je ne trouvais pas toujours cela agréable, mais je continuais sans pouvoir dire pourquoi. C’était comme un sentiment, une intuition, qui disait : « Continue ».
Eh bien, on s’assoit et quand on a vraiment réussi à se vider la tête, c’est comme un autre état d’être, sans compromis, sans soucis, un sentiment positif et neutre qui donne une paix intérieure, une paix intérieure par rapport à tout. On considère les soucis et les problèmes de manière plus objective, et comme on ne les considère plus de manière aussi émotionnelle, il est plus facile de trouver des solutions. On ne se prend plus autant au sérieux, ni la vie en général. Cela peut paraître un peu effrayant, mais en fait, c’est un sentiment agréable. Je pense qu’il faut faire l’expérience de zazen soi-même pour pouvoir juger si c’est quelque chose qui convient pour soi.
Est-ce que tu éprouves cet état que tu as décrit à chaque fois que tu fais zazen ?
Lors du dernier zazen j’ai à nouveau retrouvé cet état, mais pas vraiment avant, car j’avais été très stressé les semaines précédentes. Mais ce n’est pas grave, ce n’est pas démotivant, parce que zazen est toujours différent.
Est-ce que tu as lu quelque chose sur le zen ou le bouddhisme avant de commencer à méditer ?
Non, mon père m’avait simplement proposé de l’accompagner. Mais s’il ne l’avait pas fait, je ne serais pas ici aujourd’hui. Tout seul, je n’aurais jamais cherché à expérimenter quelque chose d’aussi éloigné de la pensée quotidienne.
Est-ce que tu pratiques zazen à la maison ou dans un dojo ?
Dans la vie quotidienne, je n’arrive pas du tout à pratiquer zazen. À part mon père, mes amis et collègues n’ont rien à voir avec le zen. Pour eux, c’est comme une dimension lointaine, ce que je trouve dommage. Mais je me suis renseigné dans ma ville, il doit y avoir un groupe. Je vais essayer de m’y asseoir au moins une fois par semaine. Peut-être que j’arriverai ainsi à intégrer davantage zazen dans ma vie quotidienne et à ne pas me contenter de pratiquer tous les quelques mois lors d’une sesshin.
Comment gères-tu la douleur pendant zazen ?
Je ne trouve pas la douleur physique si grave. Pour moi, il est plus difficile de me libérer l’esprit et de rester assis sans être agité par mes pensées. Si une douleur physique vient s’ajouter à cette tension mentale, elle peut parfois être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Mais en général, il m’est plus difficile de calmer mes pensées et de prendre du recul par rapport à elles. Je supporte assez bien la douleur. Si je me détends, elles disparaissent aussi. Et plus je fais d’exercices d’étirement, moins elles se manifestent.
Zazen est souvent un défi pour moi, car mon état mental ou physique n’est pas toujours optimal. Parfois, pendant ce temps, je me dis : « Allez, tu vas aller jusqu’au bout ». J’essaie alors de me détendre et de voir les choses plus sereinement. Avec le temps, j’ai aussi appris à gérer les douleurs physiques, à les accepter et à ne pas toujours en faire un drame.
Je m’assieds aussi dans le gaitan (vestibule) parce que c’est plus relaxant pour moi quand je dois quand même bouger. Cela ne dérange pas les autres personnes présentes dans le dojo.
Que dirais-tu à un ami s’il t’abordait au sujet de zazen ?
Je lui dirais que s’il est intéressé, il lui suffit d’essayer zazen, sans aucun préjugé. Certaines personnes pensent que le zen a quelque chose d’une secte, qu’il est rigide ou traditionnel, mais ce n’est pas du tout le cas. Au début, j’étais sceptique ou plutôt plein de préjugés, mais en fait zazen était plus détendu et moins strict que je ne le pensais auparavant.
La plupart des gens sont tout de même assez distants vis-à-vis de la pratique du zen et ont des préjugés parce qu’ils ont entendu une rumeur ou l’autre. Mais il serait dommage que cela les empêche de faire eux-mêmes l’expérience. Qu’est-ce qu’ils ont à perdre ?