Commentaires sur l’enseignement de Maître Wanshi, vol 2 par Roland Rech
Enfin libre
« Il y a quelques instants, on entendait les cloches de l’église. Où est parti le son ? De nouveau, les cloches sonnent. Où est parti le silence ? »
En zazen, ne vous laissez pas distraire par les pensées et surtout, ne les prenez pas en considération. Il y a quelques instants, on entendait les cloches de l’église.
Où est parti le son ?
De nouveau, les cloches sonnent.
Où est parti le silence ?
Maître Wanshi nous recommande : « Lorsque l’on observe ainsi l’apparition et la disparition des phénomènes d’instant en instant, on ne se laisse pas contaminer par les attachements. Dépouillez ce corps, laissez-le tomber, avancez encore d’un pas au bord de la falaise. » N’hésitez pas à vous avancer là où il n’y a pas de support, n’hésitez pas à contacter la réalité où rien ne demeure.
Maître Wanshi insiste sur ces recommandations : « Comprenez vos facultés des sens et leurs objets jusqu’à ce qu’elles soient épuisées de fond en comble. » Jusqu’à réaliser intimement que les cloches sonnent, qu’il y a du bruit dans la cour, que nos oreilles entendent le son mais que tous ces sons sont parfaitement insaisissables et ne demeurent nulle part. Tout comme nos pensées et nos fabrications mentales ne sont que des étincelles jaillissant dans l’obscurité. En pratiquant ainsi, nous réalisons un esprit qui ne stagne sur rien, qui perçoit clairement mais ne garde rien et retrouve constamment sa fraîcheur, sa disponibilité.
Wanshi continue : « La lumière solitaire est la seule illumination qui, pénétrée profondément, préserve la merveille. » En zazen, la lumière de la conscience éclaire toute chose mais sans saisir aucun objet. Solitaire veut dire au-delà de tout attachement de quelque objet que ce soit. C’est au-delà même de la solitude, au-delà de la plénitude comme du manque. Et cette expérience préserve ce qu’il y a de merveilleux dans l’existence. Pour cela il n’est pas besoin de chercher au loin, de se lancer dans toutes sortes de fabrications. Il suffit simplement à chacun de pénétrer cette expérience tout comme nous allons totalement au bout de chaque expiration.
Wanshi termine : « Comment avez-vous jamais pu être séparé de tous les phénomènes changeants ? Maintenant vous pouvez rentrer parmi tous les êtres différents et voyager sur la Voie de l’oiseau sans obstacle, enfin libre. »