Par Roland Yuno Rech, Godinne, juillet 2023 (Belgique)
Pendant zazen, concentrés sur la posture et la respiration, notre conscience fonctionne comme un miroir. Toutes sortes de phénomènes surgissent, des pensées, des émotions, des souvenirs. On en prend conscience un instant, mais on ne s’y attache pas, on laisse passer. En fonction des pensées et des émotions du moment, nous transmigrons, dans un monde différent. Parfois les souffrances apparaissent, et on expérimente la vie infernale. Nous transmigrons. Mais à d’autres moments, nous éprouvons du bonheur, de la joie, et nous passons ainsi de l’enfer au paradis.
Le monde dans lequel nous vivons est le monde de notre esprit. Zazen ne supprime pas cette transmigration, mais nous permet d’en prendre conscience, et nous évite de stagner dans un état particulier.
Chaque jour est un jour nouveau. Même si nous répétons chaque jour la même pratique, ce qui est le propre de ce qu’on appelle le gyoji, la pratique constante, notre esprit est toujours neuf. Et l’on peut devenir plus créatif, en particulier cesser de répéter les mêmes erreurs. Plus on est conscient de la causalité karmique, c’est-à-dire de nos pensées, de nos paroles, de nos actions, mieux nous pouvons contrôler notre vie.
Zazen devient le gouvernail de notre embarcation, et nous évite de dériver en fonction des courants et des vents. Il nous permet de traverser toutes les circonstances sans en être bouleversé. Ce qui ne veut pas dire être insensibilisé, mais avoir une sensibilité toujours fraîche, et la capacité à ne pas stagner dans notre position, ce qui permet de se mettre à la place d’autrui.
Nous vivons dans un monde où les gens sont de plus en plus individualistes, égocentrés. La pratique de zazen permet de corriger ce défaut. Les mérites de zazen ne se produisent pas seulement plus tard, mais immédiatement. Zazen nous libère de nos conditionnements. Sa pratique devient instantanément pratique d’Eveil.