La joie dans la pratique du Dharma

En réalité ce qui nous manque, c’est de nous éveiller, et le principal Éveil, c’est de s’éveiller au fait qu’il y a un chemin, une voie pour se réaliser, pour se réaliser profondément, spirituellement et donc compenser d’une certaine manière toutes les souffrances qu’on peut avoir dans la vie quotidienne, souffrances qui sont inévitables parce qu’on rencontre toutes sortes de difficultés : la maladie, le vieillissement, le deuil, etc.

Toutes ces souffrances-là, la pratique du zen ne les supprime pas, mais elle permet de les supporter et de ne pas désespérer de l’existence, et finalement de conserver une joie de vivre, malgré qu’il y ait toutes sortes de raisons de ne pas être joyeux dans la vie. Quand on écoute les nouvelles le matin, on n’apprend que des catastrophes, que des souffrances partout. Et pour rester joyeux pendant la journée, à la limite on pourrait se dire : « Mais ce n’est pas possible ». Ou alors, pour être joyeux, il faudrait se boucher les oreilles et fermer les yeux. Et bien non ! Je crois qu’on peut quand même être joyeux, à condition de vivre en harmonie avec ce que nous sommes au fond, et le vivre à partir de la pratique de zazen, comme si le retentissement du son du gong au début de zazen, cette vibration de zazen, se prolongeait dans la vie quotidienne.

Donc, la raison pour laquelle on peut être sans tensions et rester joyeux, c’est que la pratique de zazen nous guérit de ce qu’on appelle les trois poisons, et ça c’est fondamental. Les trois poisons sont, comme vous le savez, l’avidité, la haine et l’ignorance, l’ignorance étant le principal poison. Zazen nous en libère, parce que zazen, c’est apprendre à se connaître soi-même. Et pas seulement apprendre à connaître nos caractéristiques personnelles, notre histoire, comme on peut le faire dans une psychothérapie ou une psychanalyse où on analyse en détail les évènements de notre vie, nos ressentis, etc.

Bien sûr, en zazen, cela se passe aussi, puisqu’il y a des remontées de souvenirs, de phénomènes de la vie quotidienne qui viennent se refléter dans le miroir de zazen. Entre parenthèses, on ne cherche pas à supprimer ce genre de pensées ou d’émotions qui montent à la surface de la conscience de zazen, on se contente simplement de les voir, de les accepter, et de les laisser passer. Et du coup, ça dédramatise énormément de choses dans la vie : le fait qu’à la fois on ne les refoule pas et qu’en même temps, on n’y reste pas attaché. Donc, c’est vraiment être pleinement conscient, mais pas attaché à ce que dont on est conscient.

Mais souvent à la fin de zazen une intuition profonde surgit : le remède qu’on va pouvoir apporter aux souffrances ou aux contradictions de notre vie quotidienne. On a été comme coincé dans les contradictions (ou alors affligé par la douleur), puis d’un seul coup à la fin de zazen, on se dit : « Mais non, on peut voir aussi les choses autrement ».

Voir les choses autrement, c’est une source de libération et de joie importante. Par exemple, on parle du deuil en ce moment. On peut être affligé par la mort de quelqu’un, mais aussi on peut notamment prier pour une bonne renaissance, adopter le point de vue bouddhiste des renaissances et se dire : « La mort n’est pas la fin de tout », et prier pour une bonne renaissance pour la personne défunte. Cela nous donne de la joie, parce que dès que l’on prie pour les autres, dès que l’on se préoccupe des autres, on donne et le don notamment est une source de joie importante. Et là, on donne l’énergie de notre pratique pour le bien de quelqu’un d’autre, qui a besoin d’être aidé dans sa nouvelle existence pour être heureux tout simplement. Et donc, le don est une grande source de joie.