Le sens de nos rituels

Questions

Comme c’est un sujet un peu « vif », s’il y a maintenant deux, trois questions, je veux bien répondre, si c’est rapide…

Q1 : Ce qui me gêne en fait dans les cérémonies, c’est la question de la langue.

R : Effectivement, on nous reproche fréquemment de chanter en chinois, en japonais. C’est justifié. Mais il y a deux raisons pour lesquelles on maintient les chants en chinois ou en japonais.

La première, c’est que notre Sangha est internationale. Ici, il y a des anglais, des allemands, des italiens, des flamands, des espagnols… , si on se mettait à chanter en français, de toute façon il y a des gens qui ne pourraient pas chanter avec nous, ils ne connaissent pas la langue. On peut dire que le vieux chinois c’est un peu notre latin, la langue universelle mais je n’exclus pas du tout que dans les dojo, vous essayiez de vous mettre à réciter les sutra en français. Le problème c’est d’arriver à trouver la musicalité, le rythme. Il y a des gens qui ont travaillé là-dessus, ce n’est pas évident mais ça peut se faire. Il y a une idée intéressante que j’ai déjà appliquée : au lieu de chanter deux sutra n’en chanter qu’un mais lire sa traduction avant de le chanter. Je vous rappelle que les traductions de tout ce qu’on chante sont disponibles.

En plus, au moment où l’on chante on n’a pas le temps de réfléchir, ce n’est pas le temps de la réflexion mais le temps de l’expression. C’est plus important à ce moment là d’être dans l’harmonie avec les autres, de chanter avec le hara, d’être dans l’expiration, et pour ça les syllabes, les monosyllabes des sutra,  ‘kan/ ji/ zai…’  par exemple dans l’Hannya shingyo, se prêtentbien à scander et à chanter avec le hara, beaucoup mieux que la langue française ou anglaise.

Ce sont les raisons pour lesquelles on continue toujour de chanter en chinois.

Q2: Tu as dit tout à l’heure que Maître Deshimaru ne voulait pas introduire les cérémonies, beaucoup de cérémonies, parce qu’il avait peur qu’il y ait un zen de dualité.

R : Oui, en tout les cas un zen dans lequel on s’attache aux cérémonies à tel point qu’on leur donne autant d’importance, sinon plus, qu’au zazen. C’est cela le zen ritualisé.

Alors maintenant, pourquoi il n’y aurait pas cette peur-là, cette peur de s’attacher justement aux formes ?

– Cette peur est utile : la peur n’est pas qu’une émotion négative, la peur est une émotion qui nous prévient du danger. Donc c’est bien d’avoir peur, d’avoir peur de se tromper, d’avoir peur de tomber dans des formes de perversion, ça nous garde l’esprit en alerte.