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Par Patrick Pargnien
J’ai trouvé intéressant la proposition de témoigner de ce que représente pour soi Maître Deshimaru et en même temps un exercice difficile. Car comment parler d’un être que l’on a pas connu directement ? Je ne crois pas que je puisse faire véritablement un témoignage mais plutôt délivrer quelques impressions qui m’ont accompagnées dans ma rencontre avec la Voie du Zen et durant mon cheminement.
Dans la venue de Maître Deshimaru en Europe il y a tout d’abord cette réalité incontournable, c’est qu’il a transmis la pratique du Zen en Europe et permis qu’il s’y implante durablement. Et nous avons rencontré cette voie grâce à cela.
Pour ma part, Maître Deshimaru résonne entre autre avec liberté. Une liberté de style, une liberté de langage tout en transmettant l’essence de l’enseignement du Zen.
Maître Deshimaru résonne aussi avec intelligence, c’est-à-dire cette capacité qu’il a eu « d’adapter » la Voie qui avait plusieurs siècles d’histoire et « d’habitudes », pour en retirer et en transmettre son essence. Et qu’elle puisse être ainsi praticable par des esprits occidentaux.
Je trouve qu’il a vraiment eu cette compréhension du fonctionnement de « l’esprit occidental » et du passé religieux, dont certains d’entre nous ont pu souffrir, pour y amener la dimension du corps tellement nécessaire pour qu’il y ait intégration et pas seulement une compréhension philosophique.
Et cela montre à quel point il était libre, intérieurement j’entend, et qu’il avait une vision spirituelle ouverte…
En tous les cas, c’est ce qui m’a permis de rencontrer en profondeur cette Voie et de m’y établir. Et pour cela je lui en suis reconnaissant.
Je trouve qu’il incarnait un Zen contemporain ; et de part des témoignages de personnes qui l’ont connu directement et de ses enseignements, je ressentais un désir chez lui de transmettre une pratique spirituelle universelle.
Hormis le fait que la pratique de zazen m’ait touché au cœur, cette vision que je ressentais ou plus exactement que je pressentais dans son enseignement, nourrissait ma recherche spirituelle.
Je ne saurais dire pourquoi, mais j’ai eu très jeune une attirance irraisonnée pour la méditation et ma rencontre avec la pratique de zazen a été déterminante dans mon cheminement. Et la manière dont Maître Deshimaru l’a transmise, comment il a su en épurer la forme tout en gardant les axes principaux, me permettait d’aborder une Voie spirituelle qui met au centre la méditation au travers de la tradition.
Il y a de fortes probabilités que si il avait amené la pratique de la Voie dans sa forme originelle japonaise, même en étant profondément touché par le zazen je n’aurais pas pu m ‘engager aussi fortement dans cette Voie. Et je lui suis aussi très reconnaissant de cela.
Ce que je trouvais inspirant chez lui, toujours au travers de ses enseignements, c’est la force qui avait l’air de se dégager de lui pour transmettre et sa foi inébranlable en la pratique de zazen.
Au début de ma rencontre avec le Zen, ce qui m’avait aussi « frappé » c’est son insistance non seulement dans la pratique de zazen mais aussi dans une pratique qui s’incarne au quotidien. Dans le fait que la Voie spirituelle se manisfestait dans le moindre de ses gestes, dans la moindre de ses actions. Je me suis saisi très rapidement de cet enseignement car intuitivement j’en ressentais la véracité et cela m’a accompagné et m’accompagne toujours.
Pour finir, je dirais simplement que nous avons tous(tes) rencontré la pratique du Zen grâce à sa venue en Europe et toute l’énergie qu’il y a consacrée pour la transmettre.
Et cela, est un fait incontournable à ne pas oublier et qui appelle à une profonde reconnaissance.