Par Thierry Hoyois, camp d’été à Godinne, juillet 2018
Avant que l’atelier commence, plusieurs personnes sont venues me trouver, presque toutes m’ont demandé « et on va se promener ? »
Ce n’était pas le but de l’atelier, qui était de poursuivre l’échange des teisho/mondo du matin, animés par Roland Yuno Rech, en ajoutant le coup de projecteur de notre relation à la nature. Mais pour répondre aux demandes, je propose une ballade de 7 kilomètres dans le bois à côté, demain jour de repos à 14 heures. Je ne suis plutôt ignare en botanique et en sciences naturelles, je vous propose donc une marche qui se fera si c’est possible dans le silence, simplement dans l’observation de nos sensations.
Nous nous sommes d’abord posé la question d’introduction de Roland pour son séminaire du matin : faut-il mettre en avant nos valeurs dans nos contacts avec « l’extérieur » ou actualiser notre pratique sans forcément parler du fondement de nos valeurs ?
La réponse du groupe : les deux.
Puis la question de la portée de notre action (ce dont nous souhaitions discuter pendant les ateliers) : notre relation à la nature et l’environnement en tant qu’individu, de pratiquant dans un dojo, une sangha, une sesshin ou notre possibilité d’agir dans l’action sociale. Idem, toute discussion est la bienvenue, mais l’intérêt d’en savoir plus sur les nouvelles initiatives « écologiques » s’est manifesté dans le groupe.
La plupart de ces initiatives, parfois sans le dire, sont des applications de ce qu’on appelle la permaculture. Nous avons donc décidé de poursuivre l’atelier en examinant les concepts et valeurs de base de la permaculture, en faisant le lien avec notre propre pratique, avec le Dharma, et surtout avec le séminaire de la matinée.
La permaculture est un système de « culture permanente » ou culture pérenne, basée sur une éthique, des principes, des valeurs qu’on peut utiliser pour concevoir, mettre en place, pour gérer ainsi qu’améliorer, toutes sortes d’initiatives individuelles, familiales, et collectives, en vue d’un avenir durable.
Permanente, pérenne, soutenable. Résiliente, qui tienne la route face aux enjeux du dérèglement climatique, la société industrielle et basée sur l’avidité, le profit avant tout.
La permaculture est un concept créé pour l’agriculture dans les années 70 en Australie, les fondateurs ont immédiatement constaté que d’autres domaines étaient concernés : l’alimentation, la santé, l’habitat, l’économie…
Une évolution naturelle de la permaculture est la permaculture humaine, qui met l’accent sur la présence de l’être humain, des groupes, collectivités humaines qu’il convient d’organiser aussi ce façon permacoles, pérennes, et résilientes.
La permaculture se fonde sur une éthique, résumée en trois phrases :
Prendre soin de l’humain.
Prendre soin de la Terre,
Partager équitablement et distribuer l’excédent.
A partir de ces valeurs de base, la permaculture est résumée en 12 principes de conception, que je ne vais pas vous réciter, mais à titre d’exemple, et vous montrer combien nous pouvons nous sentir à l’aise avec ces concepts :
1er principe du fondateur, Bill Mollisson : « tout est relié à tout ».
1er des 12 principes de conception : « observer et interagir ».
Il n’est pas vraiment nécessaire de vous dire qu’il est question d’interdépendance, d’observation, …
Comme je le disais, nous avons voyagé dans la découverte de ces principes en faisant le lien avec notre propre pratique dans le dojo, pendant ce camp d’été, ou simplement individuellement dans nos familles.
Au final, notre constat est que ce qui nous semble être un manque ou un non-dit dans les concepts de la permaculture, ce sont les fondements de cette éthique, sujet des séminaires du matin. Pourtant, les liens que l’on peut faire nous montrent que la permaculture peut être une aide pour donner un nouvel éclairage à notre vie avec la Sangha (c’est ce qui se passe à La Gendronnière qui démarre une expérience en permaculture), ou que nous pouvons nous sentir complètement à l’aise dans ces initiatives citoyennes qui fleurissent un peu partout, en nous permettant, avec délicatesse, d’exprimer nos valeurs hors du dojo.
« et si… »,
Le dernier jour, nous avons voulu discuter d’application pratique, en choisissant et en imaginant comment nous pouvions appliquer un de ces principes de la permaculture. Nous avons choisi : « pas de déchet » et sous-jacent « moins de gaspillage ». Comme ça se passe lors de initiatives locales, nous avons commencé par laisser courir notre imagination, en se posant la question « et si… », en imaginant une sesshin, un dojo, notre foyer, sans déchet, sans gaspillage.
Nous avons manqué de temps, ce n’est qu’une ébauche, un crash test, mais nous nous disons que c’est peut-être une façon de démarrer le groupe de l’ABZE « Zen et Nature », groupe ou réseau de réflexion sur les problématiques de notre relation à l’environnement.
Alors, pour terminer, je voudrais vous proposer de mettre au fond du réfectoire les grandes feuilles sur lesquelles nous avons commencé à écrire quelques idées, parfois petites et dérisoires : et si on utilisait moins de papier pour annoncer les sesshin, et si on essayait de trouver une façon de ne plus jeter à la poubelle les déchets compostables, etc.
C’est donc un appel qui vous est adressé, complétez le tableau, sans a priori sur le fait que certains vœux sont bien beaux mais liés à des contraintes, voire irréalisables… C’est l’occasion d’avoir une liste de sujets que nous pouvons approfondir avec le réseau qui peut ainsi démarrer.