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Par Therry Barnet
La fin de l’année scolaire approche, et voici une petite description, ou plutôt un état des lieux, d’après notre expérience qui remonte à environ cinq ans où nous avions commencé à mettre en place au dojo une pratique visant à mener l’enfant à pratiquer zazen. Et deux années en milieu scolaire proposant ce même principe, avec des enfants de 6 à 12 ans.
Nous voulons vous faire partager cela, car il nous semble plus que nécessaire, si vous avez la possibilité, dans les dojos, dans les écoles, partout où vous le pourrez, d’apporter aux enfants cette aide précieuse de la pratique. Car comme le dit Roland Yuno Rech, les enfants sont les graines des générations futures.
Aujourd’hui, il est essentiel de donner aux jeunes générations des fondements, des bases spirituelles qui, à notre constat manque douloureusement à ces enfants. La plupart sont livrés à eux mêmes, et souvent l’enfant manque de repères, a un faible encadrement parental, se construit en ne connaissant pas de frontières. La limite est toujours repoussée plus loin. Il n’est d’aucune critique de l’éducation parentale, mais en observant, écoutant, discutant avec les parents, on s’aperçoit que les parents ne sont que des enfants eux mêmes, élevant d’autres enfants. Ils ne connaissent que des activités, des excitations extérieures, des stimulus incessants qui les emmènent dans un mouvement mental ininterrompu. Ils perdent l’orientation de la quête de sens, et c’est fréquent de voir des jeunes enfants en grande détresse, voire en grande souffrance, qui ne trouve d’autre exutoire que la violence sous toutes ses formes.
C’est dommage, car ces enfants restent proche de quelque chose que nous, adultes, avons parfois oublié. C’est une description actuelle, qui n’est heureusement pas générale, mais bien trop fréquente. Nous n’avons pas la prétention de changer le monde, et d’ailleurs les enfants ne sont pas tous réceptifs à ce que nous leurs proposons. Quelques fois c’est dur pour nous, et devant l’ampleur de ce que nous pensons être un devoir d’aide à ces petits êtres, nous avions eu quelques fois envie de baisser les bras, mais heureusement que nous sommes deux à intervenir. Nous nous motivons l’un l’autre. Cela permet d’avoir plus de retour, plus d’oreilles pour écouter ce que disent certains enfants :
– « Ah tu sais Corinne, le zen, ça me fait du bien. »
– « Maintenant je fais comme tu m’as dit, quand papa et maman se disputent, je pleure plus, je vais dans ma chambre et je fais la respiration, ça me calme. »
Il y a aussi des parents qui ont eu des retours de leurs propres enfants qui désirent qu’ils continuent ce « zen adapté à l’enfant » ( comme nous l’appelons ) au dojo.
C’est tout cela qui nous donne le courage de continuer, et cela nous motive aussi d’essayer d’allumer la petite lumière de la spiritualité à ceux qui ne sont pas réceptifs. Nous voulons leur montrer qu’il y a autre chose que l’activité mentale, la recherche effrénée de satisfactions extérieures, qui ne seront toujours que temporaires. Pour nous, cette approche du spirituel, même en milieu laïc, ne nous pose aucun problème. Cette spiritualité que nous appelons esprit du cœur, c’est justement essayer de les aider à ressentir directement avec leur chair. L’acquis avec le cœur c’est gagnant, avec le mental, c’est toujours fragile et changeant. Quand le cœur parle, les enfants nous considèrent comme des amis, nous arrivons dans la cour et certains se jettent à notre cou comme ils le feraient avec leurs parents. Nous sommes les seuls intervenants extérieurs de l’école avec qui les enfants réagissent ainsi. Nous ne cherchons pas à l’expliquer, mais nous regardons avec joie cette graine de la spiritualité qui a été semée.