Les seize préceptes

Les seize préceptes du bodhisattva se composent des trois refuges, des trois préceptes purs et des dix préceptes majeurs (les dix kai).

Les trois refuges

La première série des trois préceptes consiste à prendre refuge dans le Bouddha, le Dharma et le Trésor de la Sangha. Le sens de « prendre refuge » est de se lancer sans réserve, sans hésiter, à l’image de quelqu’un qui n’a pas peur de plonger dans l’eau. « Prendre refuge » ne signifie pas dans ce cas fuir quelque chose pour se protéger, c’est plutôt s’en remettre avec confiance.

  1. Je prends refuge dans Bouddha,
  2. Je prends refuge dans le Dharma,
  3. Je prends refuge dans la Sangha.
Prendre refuge dans Bouddha

Bien sûr, c’est prendre refuge dans Shakyamuni et tous les Maîtres de la transmission. Dans leur éveil, ils ont réalisé que tous les êtres étaient Bouddha, tous les êtres manifestent l’ultime réalité. Donc, prendre refuge dans Bouddha, c’est prendre refuge dans tous les êtres, autrement dit, dans notre vraie nature, la nature de Bouddha

Prendre refuge dans le Dharma

C’est prendre refuge à la fois dans l’enseignement du Bouddha et en même temps dans tous les phénomènes. Tous les phénomènes expriment le Dharma. Et si on a cet esprit d’éveil, cet esprit réceptif à la vérité qui se manifeste partout, on peut rencontrer le Dharma sans arrêt, en tout lieu.

Prendre refuge dans la Sangha

La Sangha désigne la communauté des pratiquants, nos compagnons de la Voie. La Sangha est, d’une certaine manière, la présence de Bouddha ici et maintenant, car il n’existe qu’à travers ceux qui pratiquent la Voie qu’il a enseignée. Il se manifeste à travers la pratique. 

Les trois préceptes purs

  1. Cesser de faire le mal
  2. Faire le bien seulement
  3. Faire le bien pour les autres

Apparemment très simples, ces préceptes recouvrent l’essence même de la pratique du Dharma. Tout le monde les comprend, mais ce n’est pas si simple de les pratiquer.

Cesser de faire le mal

Le mal n’est pas quelque chose. Il n’existe que quand on le pratique.
Faire le mal signifie en général causer de la souffrance pour les autres ou pour soi-même. Mais c’est plus fondamentalement se séparer et séparer les autres de leur vraie nature de Bouddha. Il y a dix préceptes pour concrétiser dans la vie quotidienne « ne pas créer le mal », ainsi « ne pas créer le mal » c’est pratiquer les dix préceptes.

Faire le bien seulement
Faire le bien pour les autres

Ces préceptes, comme le précepte « ne pas faire le mal », peuvent nécessiter une attention permanente à nos faits et gestes, en s’efforçant de les réaliser pour le bien des autres. Peu à peu, à force d’attention, on peut finir par les réaliser inconsciemment et naturellement. Car si on fait le bien en ayant conscience de faire le bien, « moi je suis bien, je fais le bien » ce bien devient une manifestation de l’esprit d’attachement et perd sa faculté de libérer tous les êtres. Si le bien est pratiqué naturellement, alors c’est l’éveil, la libération. 

Les dix préceptes majeurs

Tous les instants de la vie quotidienne sont l’occasion d’étudier les préceptes, observer notre esprit, notre corps et voir comment nous nous comportons par rapport à ces préceptes. Pour Bouddha, les préceptes sont des libérations et non des interdits. Ils sont considérés comme des interdits par ceux qui les considèrent comme un ensemble de règles leur interdisant d’agir comme leur ego aimerait agir.
De plus, l’application des préceptes dépend de chaque situation, elle n’est jamais absolue.
Chaque précepte a toujours deux versants. Le versant négatif qui correspond à une interdiction : « Ne faites pas ça », « Ne tuez pas » Le versant positif est source de valeurs et de sens. Par exemple, le versant positif de « ne pas tuer », c’est protéger la vie. Ainsi, l’attention aux préceptes dans nos actes de la vie quotidienne nous permet d’éviter de faire le mal et nous encourage à faire le bien.

  1. Ne pas tuer
  2. Ne pas voler
  3. Ne pas convoiter (pas de sexualité sans amour)
  4. Ne pas mentir
  5. Ne pas s’intoxiquer (s’enivrer ou se droguer)
  6. Ne pas critiquer
  7. Ne pas s’admirer
  8. Ne pas être avare
  9. Ne pas se mettre en colère
  10. Ne pas calomnier les Trois Trésors
Ne pas tuer

« Ne pas tuer », c’est protéger la vie de tous les êtres sensibles et ne pas causer de souffrance, pas même indirectement, par exemple en produisant des armes ou en consommant de la viande issue de l’élevage intensif.

Ne pas voler

Le fait de voler vient de l’avidité, de l’esprit possessif. L’utilisation abusive des ressources naturelles peut donc également être considérée comme un vol. Mais comme, au fond, rien ne nous appartient vraiment, nous pouvons directement abandonner l’esprit avide. Le versant positif de « ne pas voler » est pratiquer le don.

Ne pas convoiter (pas de sexualité sans amour)

Par sexualité sans amour, on entend la sexualité égocentrique où chacun est concentré sur sa propre jouissance sans tenir compte de l’autre, sans respect ni amour de l’autre. La sexualité n’est pas condamnée, car elle est la source de la vie, mais elle doit être pratiquée avec amour et compassion.

Ne pas mentir

Ne pas mentir aux autres pour obtenir un avantage, ni se mentir à soi-même. Avec zazen, nous apprenons à nous accepter et à ne pas avoir peur de la vérité. Seuls ceux qui acceptent la vérité peuvent évoluer.

Ne pas s’intoxiquer (s’enivrer ou se droguer)

Il s’agit de ne pas troubler son propre esprit, mais de ne pas non plus encourager les autres à le faire. Perdre le contrôle de soi peut conduire à des paroles et des actes que l’on regrette plus tard, voire à de graves accidents. Il n’y a pas que l’alcool et les drogues qui troublent l’esprit, mais aussi toutes sortes d’illusions. Finalement ne pas s’intoxiquer, c’est la pratique de l’éveil, ne pas cultiver l’illusion.

Ne pas critiquer

Ne pas dire du mal des autres. Au lieu de dénoncer les fautes des autres, il vaut mieux les aider à ne pas en commettre, de manière amicale et respectueuse. Si l’on veut critiquer, il faut se demander de quel esprit vient cette critique : s’agit-il de se mettre en valeur ou d’aider l’autre ?

Ne pas s’admirer

S’admirer, se mettre en avant naît du désir de se distinguer des autres. Penser qu’il y a une différence entre soi et les autres et qu’on peut les rabaisser est le symptôme d’une profonde incompréhension des préceptes.

Ne pas être avare

Le meilleur remède contre l’avarice est de pratiquer la générosité, pas seulement au sens matériel, mais aussi donner son attention, son temps, dire un mot gentil. Au fond, il n’y a rien dont on puisse être avare car rien ne nous appartient en propre.

Ne pas se mettre en colère

Il s’agit ici de la colère qui naît lorsque l’on n’obtient pas ce que l’on veut, la colère d’un ego frustré qui peut déclencher de la violence. Lorsque la colère monte, il faut se demander d’où elle provient. Dans tous les cas, il faut faire intervenir la compassion et la sagesse. On s’efforce également par des actes et des paroles bienveillantes à ne pas susciter la colère chez les autres.

Ne pas calomnier les Trois Trésors

Les trois trésors sont le Bouddha, le Dharma et la Sangha. Ne pas les calomnier signifie les respecter, les suivre, les comprendre et vivre comme un Bouddha, un Éveillé.

Les préceptes sont là pour éveiller, pas juste pour corriger le mal et pratiquer le bien.
Suivre les préceptes n’implique pas de condamner ceux qui ne les suivent pas, car ce serait un manque de compassion. Ce qu’il faut c’est s’efforcer d’éclairer les gens pour qu’ils puissent avoir envie de les respecter, déjà en s’efforçant d’offrir nous-mêmes un exemple inspirant qui donne envie aux autres d’aimer et respecter les préceptes.

Lors des ordinations, Maître Deshimaru disait souvent : « Ici et maintenant je vous transmets les préceptes, recevez cette petite graine qui se développera en vous, inconsciemment, naturellement. C’est le corps qui doit comprendre et non pas notre esprit limité dans des catégories morales, bourgeoises, sociales ou autres. »