Traductions ABZE disponibles (PDF) :
Par Pascal-Olivier Kyōsei Reynaud à Narbonne en août 2018 (France).
Comment s’éveiller à la réalité de son existence et être libéré de ses attachements
Pendant la méditation assise, en zazen, il n’y a plus de séparation.
La réalité de chaque instant, notre réalité ici et maintenant, c’est ce qui se présente, c’est uniquement « cela ».
« Cela » c’est la réalité vécue telle qu’elle est, sans séparation.
Tant que le corps et l’esprit ne sont pas paisibles, on est séparé.
La plupart du temps nous sommes préoccupés, à la poursuite d’un but, tendus vers quelque chose. La plupart du temps nous sommes pris dans un désir constant qui se renouvelle infiniment. On est prisonnier de son propre réseau de désirs ou de refus. « Je » désir ce que « je » aime et « je » refuse ou cherche à éviter ce que « je » n’aime pas. Constamment.
Constamment « je » filtre la réalité qui surgit à chaque instant et ainsi « je » reste incapable d’être véritablement. Aveuglés par l’identification à cette croyance en un « je » ou en un « moi » central il devient impossible de vivre sans tout cet enchainement d’attachements, de répulsions, de croyances qui nous maintiennent dans un état de dépendances et de souffrances.
Tout l’enseignement du Bouddha dénonce ce fonctionnement et propose une solution
La méditation zen devrait être l’occasion d’une prise de conscience, de prendre conscience de cette construction, de cet enchainement, de cette habitude qui est comme une maladie et qui débouche inexorablement sur la souffrance. Soit sa propre souffrance d’être toujours pris dans cette boucle d’avidité/répulsion et donc d’insatisfaction, mais aussi, dans toutes nos pensées, nos choix, nos actions, de créer les conditions de la souffrance pour toutes les autres existences, quelles qu’elles soient. Les autres êtres humains que nous rencontrons, les plantes, les animaux, l’environnement, …
Il suffirait, pour s’en libérer et libérer toutes les autres existences, de voir clairement cette illusion, cet attachement, le fonctionnement de cette identification. La vie exprime constamment la réalité de notre existence, mais aveuglés, nous restons séparés, enfermés dans nos croyances et nos émotions égoïstes.
Par manque de réalisation, on se sépare de cette réalité, on s’oppose les uns avec les autres ou avec les circonstances de notre existence, on critique, on juge, on évalue, on rabaisse ou on surévalue. On devient incapable de discerner le vrai du faux, ce qui est correct et ce qui n’est pas correct, ce qui est favorable au bonheur véritable et ce qui nous est défavorable. On vit dans un brouillard en essayant de s’en sortir tant bien que mal et constamment insatisfaits on passe à côté du sens de notre existence.
Comment se sortir de cette illusion ? Comment être soigné de cette maladie ? C’est toute la proposition du Bouddhisme, de cette voie spirituelle et de la pratique de la méditation qui nous permet d’accéder à une autre manière d’être, à une conscience claire, élargie, libre et véritablement heureuse, à une autre qualité d’être et d’existence, à une véritable compassion.
La voie du zen est une voie d’éveil, de libération et d’unité
Pour ceux qui choisissent de cheminer sur cette Voie, ce qui est proposé c’est d’être conscient de la manière dont chacun est ici et maintenant, à chaque instant.
Si elle n’est pas pratiquée sérieusement, l’attachement en l’égo s’en empare et la pratique de la voie devient une décoration, elle devient une cause d’insatisfaction supplémentaire, une cause de souffrance et d’ignorance.
C’est à chacun, par son sérieux et sa forte détermination, d’être clarifié par et dans sa pratique et ainsi prendre soin, non seulement de son existence, mais aussi de toutes les existences parce que la réalité c’est qu’aucune existence n’est séparée.
Aucune existence n’est séparée car aucune existence n’a de substance propre. La réalité c’est juste ce champ d’inter-existences, c’est ce qui est réalisé en zazen lorsque l’on s’abandonne véritablement et que la pratique nous dépouille de nous-même.
A chaque instant c’est juste cela.
La réalité de cette existence dans son apparition.