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Par Pascal-Olivier Kyōsei Reynaud à Narbonne en août 2017 (France)
Quelles que soient les conditions de notre vie, être attentif et apprendre à rester concentré sur ce qui est véritablement important.
Tout être humain se pose un jour la question du sens de son existence, sur l’origine et la finalité de sa vie. Chez certains cette question est là, en soi, chez d’autres elle surgit lors d’une confrontation avec la réalité de l’impermanence. À la perte d’un proche, à la souffrance de réaliser la fragilité de ce que nous pensions stable, établi, acquis.
Le caractère inéluctable de la mort nous fait sentir, même confusément, que tout ce que nous faisons dans la vie est relativement vain car voué à disparaître, lorsque l’on ressent cela, se pose la question du sens de notre vie, de la vie.
La voie et la pratique de la méditation zen permettent à chacun de pouvoir répondre à cette question universelle.
Qu’est-ce qui est véritablement important ?
Qu’est-ce qui est véritablement important à chaque instant ?
Suis-je attentif à ce qui est véritablement important ?
Suis-je attentif ?
La manière juste de se poser cette question n’est pas obligatoirement d’y penser tout le temps, mais plutôt que cette question soit vivante en nous-même, que cette question soit présente et active et que nous nous laissions travailler par elle.
Ainsi être conscient de l’extraordinaire fragilité de notre vie devient la source d’une vie pleinement consciente, responsable et véritablement heureuse.
C’est la question de base pour rester éveillé, pour rester attentif, pour être vigilant et en alerte et ne pas vivre en passant à côté de la réalité de son existence.
Comment vivre à partir de la réalité fondamentale de son existence ?
C’est-à-dire, est-ce que le point essentiel, ce qui est véritablement important est à l’origine de ma manière d’être ?
Est-ce que je vis en harmonie avec ce qui est véritablement important ?
La manière dont je vis, est-ce que mon action quotidienne, mes choix, sont en harmonie avec le fait d’être un élément actif du vivant ?
La manière dont je participe au monde est-elle respectueuse du monde ?
Ce qui nous sépare de l’attention et de l’inattention est très mince, c’est pratiquement invisible. Constamment nous sommes distraits parce que simplement nous avons cette habitude d’être distrait.
C’est une sorte de paresse qui nous empêche de sortir de cette habitude à être distrait et celle-ci est renforcée par le fait que la société actuelle nous incite à rester distraits.
Il y a énormément de phénomènes qui surgissent constamment et la société en produit constamment de nouveaux. Mais tous les phénomènes qui surgissent ne sont que le miroir de notre propre distraction, de notre propre difficulté à rester en lien avec ce qui est véritablement important, à vivre dans la réalité de notre existence de chaque instant.
Nous restons distraits du point essentiel, car nous sommes aveuglés par cet attachement à ce que nous croyons être, en cette personnalité autonome et séparée.
Pratiquer zazen c’est revenir à ce qui est essentiel !
C’est enfin ouvrir une porte dans le flot inépuisable de notre distraction, dans le flot inépuisable des phénomènes vécus à travers le filtre de notre attachement au moi. Cette porte que le zazen ouvre en nous, mène à la racine de tous les phénomènes, à la racine de notre esprit distrait, de notre paresse, à la racine de tous nos comportements, de tous nos attachements.
Zazen nous libère de nous-même.
Fondamentalement nous sommes tous éveillés, le point important est de le réaliser.
Être confronté à la réalité de son existence, à la question de sa vie et de sa mort nous met en mouvement et ce mouvement est une quête vers la compréhension de soi, des autres et de l’univers.
La réalité de la maladie, de la vieillesse et de la mort, ce fut la confrontation vers la question existentielle du Bouddha, c’est ce qui l’a mis en mouvement, ce qui l’a fait sortir de ses habitudes princières, de sa distraction, de cette vie toute tracée pour lui du fait de sa naissance, du fait d’être né fils de roi et de devoir un jour accéder à son tour à cette responsabilité.
S’il était resté distrait, il aurait succédé à son père, il serait certainement devenu un grand monarque et aurait occupé une place dans l’histoire de l’Inde.
Mais ce n’est pas cette vie qu’il a choisie de vivre, c’est plutôt cette vie qu’il a choisie de quitter. Cette vie toute tracée pour lui par les autres.
Si nous ne faisons pas l’effort de nous tourner vers la Voie et donc un jour de quitter cette vie toute tracée pour soi par les autres, par la société, on ne pourra pas retrouver le chemin de l’essentiel, le chemin de la question de qu’est-ce qui est véritablement important pour la femme ou l’homme que nous sommes ?
Tout chemin commence par un premier pas
La première des choses est de nous ouvrir à cet appel, à cette question, que l’on soit totalement imprégnée d’elle. Parce que, au fond cette question, c’est la question de notre existence, c’est une question universelle pour tous les êtres humains, c’est la question du sens de sa vie.
Le travail de cette question est tout un chemin.
La réalité c’est que nous ne pouvons pas échapper à cette question.
La distraction c’est soit d’avoir peur d’être confronté à cette question, soit de ne pas y être encore suffisamment éveillé.
Certaines personnes s’éveillent à cette question à leur naissance, d’autres au moment de leur mort. Quel que soit votre moment, s’il vous plaît, ne le ratez pas, c’est vraiment fondamental.
Cette question permet de vivre à partir du point fondamental de son existence, d’être en étant harmonieux avec la racine de ce que nous sommes véritablement, non seulement dans la méditation, mais également dans chaque activité de notre vie quotidienne.
C’est une porte d’entrée vers nous-même, notre véritable Soi et donc aussi vers les autres.
P-O Kyosei Reynaud est moine zen, il a reçu la transmission du Dharma de son maitre Roland Yuno Rech en 2013.
Il est le responsable spirituel de Méditation Zen Narbonne