La plénitude de l’existence à chaque instant

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Par P-O Kyōsei Reynaud, Narbonne 2017 (France)

Dans la traduction de maître Yuno Rech, le Zazen yôjinki de Maître Keizan, qui sont les recommandations pour la pratique de zazen commence par :

« Zazen permet d’éveiller son véritable esprit directement et de se tenir paisiblement à sa véritable place. C’est ce qu’on appelle révéler son vrai Soi et manifester les aspects de sa condition originelle ».

Notre véritable esprit est paisible, car il ne repose sur rien, il n’est plus agité.

En zazen les pensées s’apaisent, toutes choses sont déposées, car c’est nous-même qui sommes déposés par zazen.

Lorsque l’avidité tombe, les peurs disparaissent, nous ne sommes plus conditionnés par l’esprit avide qui veut toujours obtenir autre chose et qui a peur que les choses lui échappent. L’esprit avide a toujours peur parce qu’il n’accepte pas la réalité que rien ne puisse être possédé véritablement.

Lorsque l’on est en zazen spontanément le véritable esprit se réalise, l’esprit qui n’est plus conditionné, qui ne recherche plus rien et ainsi on retrouve sa vraie place, la plénitude de son existence instant après instant. Nous sommes libérés de nos attachements. Il n’y a rien de mystérieux en zazen, il n’y a rien de caché et au fond rien de progressif, immédiatement tout est là.
Il y a juste à s’asseoir et lâcher-prise.

Zazen n’est pas une technique de méditation, en venant au dojo on ne vient pas y faire quelque chose qui s’appellerait zazen. Zazen est au-delà de zazen, au-delà de tous nos mots, de nos conceptions, de nos savoirs, nos connaissances ou de notre ignorance. Il y a juste à ouvrir les mains, rester tranquille et laisser le corps, le coeur et l’esprit se déposer.

Le Bouddha n’a rien inventé, il a renouvelé, témoigné et transmit.

L’assise silencieuse est au-delà de tous les enseignements sur l’assise silencieuse.

Tous les enseignements sont juste le doigt qui pointent la lune, ils ne sont pas la lune.

C’est à chacun de vivre cette expérience, personne d’autre ne peut le faire à notre place.

C’est à chacun, dans son intimité avec ce qu’il est, de s’offrir, s’abandonner à cette pratique et être libéré, pas par sa propre volonté ou sa propre détermination, ni sa force, pas par lui-même. C’est la pratique elle-même qui nous libère de nous-même. C’est pourquoi il n’y a véritablement rien à faire.

C’est comme de donner de l’eau à un être assoiffé, on ne peut pas boire pour lui.

C’est comme de recevoir de l’eau quand on est assoiffé, personne ne peut boire pour nous.

Alors s’il vous plaît, ne restez pas devant la source sans boire.

Abandonnez-vous à la réalité de votre existence, soyez libre de vous-même.