Les dix mérites de la méditation zen

10.         La foi s’approfondit et l’esprit religieux se révèle

Souvent les gens viennent au zen parce qu’ils ont été déçus par leur religion d’origine. Ils vivent dans la religion catholique, protestante, musulmane, mais souvent sans un enseignement profond de l’esprit religieux, ou un enseignement religieux qui n’est basé que sur des croyances. Cela déçoit et on est d’autant plus déçu quand on sait que le clergé lui-même commet d’énormes fautes, que l’église elle-même trahit complètement le sens de l’enseignement du Christ. Alors, les gens viennent au zen parce qu’ils y voient une pratique de sagesse, mais pas une pratique religieuse.

Souvent on nous titille avec cela, parce qu’on voit qu’il y a un bouddha sur l’autel, qu’on chante, qu’on fait des cérémonies après zazen, courtes certes, mais qu’il y a quand même un rituel. Comme cela évoque le côté religieux, les gens nous questionnent. On nous dit : « le Zen est-il une religion ? » A cette question qui a été posée mille fois, je réponds, comme Maître Deshimaru, que le Zen n’est pas une religion, mais que c’est une pratique spirituelle qui permet d’accéder à la source du véritable esprit religieux. C’est-à-dire, ce qui a inspiré finalement tous les grands fondateurs des religions, que ce soit le Christ, Mahomet, ou d’autres fondateurs de religions. Ils ont été inspirés par un éveil profond.

J’ai été élevé dans la religion catholique, j’ai été même très fervent jusqu’à mon adolescence … jusqu’au jour où je me suis rendu compte que ma religion était basée sur des croyances et que je n’avais pas une véritable expérience de l’enseignement du Christ.

C’est finalement la pratique de zazen (que j’ai abordé non pas comme une pratique religieuse, mais comme une pratique de sagesse, de méditation, de concentration), qui m’a fait retrouver le sens de l’esprit religieux. C’est-à-dire, de me sentir relié aux autres. Pour moi, c’est cela l’esprit religieux. Si on se sent relié aux autres, toutes les grandes valeurs de toutes les religions s’actualisent en nous, mais pas comme des commandements. Dans le Christianisme, on dit « tu dois aimer ton prochain comme toi-même », mais je ne pense pas qu’on peut obéir à un commandement pour aimer son prochain. Par contre, on peut développer, à travers la pratique de la méditation, l’ouverture du cœur qui permet d’aimer vraiment son prochain comme on peut s’aimer soi-même. C’est-à-dire, en se sentant proche de l’autre, au plus proche.

Pour moi, cela est effectivement, comme le disait Maître Deshimaru, un des mérites de zazen fondamentaux : nous permettre, comme nous vivons dans un monde très matérialiste, de retrouver vraiment l’essence de l’esprit religieux d’avant les religions. C’est-à-dire, d’avant que l’esprit religieux ne crée l’aspect sectaire des religions, qui aboutit souvent à se séparer, à faire des guerres de religions, à s’opposer aux autres, ou essayer de leur imposer notre propre foi.

Voilà ce que je voulais vous dire sur les dix mérites de zazen.

Je ne veux pas abuser de votre patience, mais je suis impatient d’entendre vos réactions et vos questions éventuelles parce que j’ai l’impression d’avoir déversé pas mal d’idées sur vous !  Mais j’espère que cela fait écho et que cela va susciter vos réactions que je suis curieux d’entendre.