10 jours au Temple Gyobutsuji

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Emanuela Losi, Moglia (Italie), mai 2018

Je suis allée à Nice en février pour une réunion du Conseil d’administration et j’y étais allée en voiture. Au début de mon voyage de retour, j’ai eu un problème technique à la voiture qui m’a obligée à rester à Nice pendant 10 jours.

Obligée? Pas vraiment. Je croyais que la voiture serait réparée en 3 ou 4 jours, mais l’attente s’est prolongée de 2 jours, puis de 3 jours … Et finalement après 10 jours, la voiture n’était toujours pas prête.

Au début, je m’étais organisée pour ne rester que quelques jours. Je prenais du plaisir à partager la vie du dojo, je logeais sur place. Puis petit à petit, j’ai pris de plus en plus plaisir à y vivre.

Les pratiquants arrivaient tôt le matin pour préparer le dojo et réchauffer la gen mai. Après, on prenait le café ensemble et on faisait samu. Ils partaient au travail ou rentraient chez eux ; je restais au dojo pour continuer moi aussi ma vie quotidienne : mails, traductions, organisation d’une sesshin que je devais diriger 10 jours après.
Le soir, les pratiquants arrivaient pour le zazen du soir. La vie était donc très animée : il y avait aussi une fois par semaine un zazen à midi, une cérémonie du thé, de la calligraphie japonaise.

Le calme du lieu ne me donnait pas envie de sortir, sauf pour le repas du soir ou pour acheter ma nourriture.
Plus les jours passaient, plus je me sentais à l’aise d’habiter ce lieu, comme s’il était devenu une extension de mon esprit.

Les jours passaient … Je devais rentrer chez moi… mais l’intimité que j’avais commencé à vivre me donnait aussi envie de rester au temple. J’aurais pu me faire prêter une voiture et partir après 5 jours, vu que ma voiture n’était pas encore prête, mais je ne l’ai fait qu’après 10 jours, juste pour arriver à temps à la sesshin suivante.
Ces 10 jours à Gyobutsuji m’ont rappelé mon séjour au temple, quand j’étais au Japon. Gyoji, 24 heures sur 24.
A Nice, ma pratique était une alternance d’ « avec les autres » et d’ « intime solitude ». Qu’en dire … cela aussi, il faut l’expérimenter, comme zazen.

Un petit accident a rendu possible ce magnifique séjour au temple Gyobutsuji. Je me suis souvenue qu’il y a longtemps, j’avais vécu ainsi une semaine au dojo de Turin, pendant une semaine de pratique comme celles que Heinz-Jürgen Metzger organise toujours à Solingen. Cela aussi avait été pour moi une expérience très forte.
A mon départ du Temple de Nice, j’avais l’esprit plein de reconnaissance et de joie pour cette occasion qui m’a été donnée d’une pratique partagée avec la sangha, le Maître et ma solitude.

Sans aucune attente, juste pratiquer soi-même, honorant sa position de disciple et d’enfant de Bouddha.
Je vous souhaite à tous et à toutes de pouvoir profiter de ce Temple pour faire une retraite et expérimenter ainsi une grande intimité, avec la Voie et votre propre vie.