Camp d'été ABZE à Godinne - Photo : Eric Tchéou

Sur le chemin du kesa

Par Vinciane Mignolet – Dojo de Bruxelles (Belgique)

La pratique du kesa est inséparable de la pratique de zazen.

Comme un jour nous nous sommes assis sur le zafu, un jour nous avons cousu notre premier point.

Avec peu ou beaucoup de difficultés, cela n’a pas d’importance.

Au début, comme pour zazen, la pratique de la couture nous demande un effort de volonté, une certaine technique.
Effort d’attention à la posture du corps, à la respiration, au pas de kinhin.
Et puis, point après point, abandonner l’esprit qui lutte, qui juge, qui veut obtenir un résultat valorisant pour notre ego.
Chercher le point d’équilibre entre rigueur et souplesse.
Sans rigidité ni complaisance.
Avec régularité et sans précipitation.
Toujours présent à accomplir le geste précis de l’aiguille, la mesure exacte du pli, l’esprit débarrassé de l’attente d’un résultat, d’une échéance.

Abandon de l’ego : ce n’est pas « mon point », ce n’est pas « mon zazen ».
Abandon à la pratique qui va au-delà.

Ensuite, abandonner le kesa « personnel », avant que le Maître ne nous le remette.

Nous voilà relié par le fil jamais interrompu de la lignée de la transmission du Dharma.
Le fil ininterrompu du kesa.
Comme dit Maître Dogen :« Si vous désirez recevoir la transmission de l’enseignement sacré, recevoir et protéger le kesa, il faut que vous soit légué le véritable kesa, celui qui fut transmis depuis Bouddha Shakyamuni, de patriarche en patriarche ».

Et le chemin se poursuit …

Continuer à apprendre, à réciter le Soutra du Kesa, à apprendre le geste juste pour revêtir le kesa.
Avec maladresse au début, sans se laisser aller à la négligence de l’habitude plus tard.
Continuer encore et encore à cultiver notre fukuden, notre « champ du bonheur ».
Et nous découvrons que le kesa a une influence directe sur notre maintien, sur nos gestes, sur notre attitude mentale, sur notre esprit : « Dai sai gedapuku ».

Influence qui va bien au-delà de nous-même.
Influence qui rayonne sur la Sangha.
En gardant toujours le kesa présent dans notre esprit et notre cœur, il influence toute notre vie, les autres, les êtres sensibles, l’univers.

Main, esprit, cœur en unité.

« Le ciel, la terre, l’univers entier ne sont qu’un seul et même kesa. Rien n’existe en dehors de lui. ».

Kodo Sawaki.