Zen avec les enfants

Traductions ABZE disponibles (PDF) :  

Par Thierry Barnet

Nous avons proposé au dojo de Ceyreste-La Ciotat, une pratique zen pour enfants et nous avons fait connaître le « zen enfants » au forum des associations de notre ville.

Bien sûr, il ne s agit pas là de pratiquer comme nous le faisons pour les adultes. Nous essayons de planter les graines de notre pratique de zazen aux enfants, l’avenir c’est eux.

L’année dernière, nous avons eu deux enfants, puis trois, et cette année ils sont quatre, et très assidus. Nous pratiquons un lundi sur deux, la séance dure une heure.

Les enfants arrivent au dojo environ dix minutes avant. Ils prennent une couverture ou un zafuton
où ils posent leur zafu. Ils s’assoient comme ils veulent, mais généralement ils se mettent en birmane. Nous commençons par observer le silence et un petit zazen de cinq minutes.

Puis, nous recommençons, mais cette fois avec une observation sur nos états d’humeur, ce que nous appelons « notre météo », nous regardons en nous s’il y a du soleil, c’est que nous sommes bien, qu’il n’y a rien de particulier. Mais il peut avoir du soleil avec du vent, cela signifie que nous sommes bien, mais agités par quelques pensées. Il y a des nuages, ce sont des émotions perturbatrices, etc. Nous faisons cette observation, comme nous observons le climat dehors. Cette observation, ils la pratiquent aussi chez eux. C’est un peu comme un devoir qu’ils auraient à faire à la maison, ce n’est pas une obligation, c’est comme ils veulent.
Après cette météo du moment, ils sortent un petit carnet où ils ont pratiqué cette observation chez eux, nous nous apercevons qu’ils le font assez régulièrement. Et nous discutons de comment cela s’est passé, et des rigueurs du climat intérieur.

Nous avons commencé la couture, le point du kesa, avec l’inspire et l’expire. Nous jouons aux explorateurs, nous explorons (assis sur le zafu, ou allongés) les différentes parties de notre corps, ce que nous ressentons. Les enfants sont extraordinaires dans leur ressenti. Un jour, en jouant aux explorateurs, une petite fille âgée de sept ans, commence à glousser, elle se retient de rire, puis le
rire s’est propagé dans le dojo, c’était simple et joyeux. Nous avons demandé à Camille: « Pourquoi
as-tu commencé à rire ? » Elle a répondu qu’elle ne savait pas trop ce qui se passait, que son corps lui faisait des « gui lis » partout, qu’elle sentait son corps bouger tout seul, qu’il était vivant et joyeux, et les autres on dit: « Oui, c’est ça. » Et voilà comment trois petit Bouddhas, nous ont enseigné d’où provenait cette joie qui planait soudain dans le dojo!

Une fois, lors d’un petit zazen avec les enfants, l’un pratiquait avec les yeux fermés et l’autre les yeux ouverts. A la fin, celui qui avait pratiqué avec les yeux fermés était assaillis de pensées sur ce qu’il avait fait avant, et ce qu’il fera dans la soirée. L’enfant qui avait les yeux ouverts, lui, n’avait pas eu de pensées sur lui, mais avait décrit tous ce qui c’était passé dehors: les oiseaux, une moto qui était passée, etc. C’est pour cela que nous pratiquons les yeux mi-clos:)

Il y a tant d’anecdotes.

Les enfants s’intéressent à tout, ils sont proches de quelque chose que les adultes ont peut-être oublié. Ils sont intéressés par les sons du tambour, du mokugyo, des cloches. Parfois nous faisons comme pour une cérémonie, et il est étonnant de voir avec quelle régularité et précision les enfants jouent.

Ce qui est intéressant aussi, c’est que le zen pour enfants, est un moyen habile pour que les parents s’intéressent à zazen. Il y a eu une maman qui est venue pratiquer, et un papa qui a dit qu’il viendrait.

Voilà, nous tenions à partager notre enthousiasme avec vous. Pour ceux qui seraient intéressés par une activité zen enfants, n’hésitez pas à nous poser des questions, nous serions heureux d’échanger, et de vous faire part de notre petite expérience. Il est à noter qu’une école maternelle est intéressée par cette approche du zen, et que certains professeurs de collège sont aussi intéressés. Nous restons persuadés qu’il y a beaucoup à faire.