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Par Guy Raynaud
La violence
Qu’est-ce que la violence ?
Etymologiquement, le mot violence signifie « enfreindre les limites ». Il vient du latin « Vis ». Le mot « viol » a la même étymologie. Les mots viol et violence désignent finalement la même chose même si dans le langage courant viol désigne plutôt la violence sexuelle.
La violence consiste à agir sur quelqu’un pour le contraindre, obtenir quelque chose de lui ou lui imposer quelque chose, contre sa volonté. C’est aussi porter atteinte à son intégrité physique et psychologique. La violence est donc une action contraignante qui peut être destructrice. La violence implique une intention de nuire réfléchie ou irréfléchie…
La violence est multiforme. Quelles sont ses différentes formes de violence ? On peut voir quatre formes de violence…
- La violence physique. C’est employer la force brutale pour contraindre quelqu’un ou lui nuire. Cette forme de violence peut aller de la simple bousculade jusqu’au meurtre…
- La violence verbale. On peut contraindre ou nuire par la parole. Il y a des paroles blessantes, les insultes, dénigrer quelqu’un, le ridiculiser, le calomnier…
- La violence morale ou psychologique. On peut contraindre ou nuire par la manipulation en employant le mensonge, le « chantage », la tricherie, la tromperie, l’intimidation… Ce que font souvent la publicité, les médias, le discours politique, et parfois aussi, malheureusement, les idéologies philosophiques ou religieuses et autres doctrines…
- La violence d’exclusion. C’est rejeter, exclure l’autre, l’ignorer. Parce qu’on a peur de lui, parce qu’il est différent… C’est la xénophobie, le racisme, l’exclusion sociale et bien d’autres formes d’exclusion…
Dans quels domaines s’exerce la violence ?
A) La violence au sein de l’espèce humaine.
- Il y a d’abord la violence entre les individus : les délinquances diverses, l’injustice, les violences dans les familles (rupture, divorce, femmes battues, enfance maltraitée), l’incivilité, l’intolérance (penser que l’on raison, que l’on possède la vérité nous rend intolérants), les discriminations, et certaines violences plus ou moins fortes liées au monde moderne : le stress dû à la vie urbaine, la violence routière, les nuisances sonores…
- Il y a la violence institutionnelle : liée à l’exercice du pouvoir, à l’organisation de la société. Les relations sociales évoluent dans le cadre de rapports de forces le plus souvent inégalitaires où une personne ou une catégorie sociale est en situation de domination sur d’autres. Ce qui engendre abus de pouvoir, injustices, pratiques totalitaires, dictatures, qui débouchent souvent sur la violence. L’organisation sociale, économique et politique du monde actuel, fondée sur la recherche incessante du profit (tout à fait contraire à l’état d’esprit « mushotoku » que nous enseigne le zen) favorise la violence : par la concurrence, la compétition, le culte de la performance et du résultat, le désir d’ascension sociale, la hiérarchisation, la course à « l’avoir », au « toujours plus »…
- Il y a la violence entre les peuples. Ce sont les guerres, l’oppression et l’exploitation d’un peuple par une autre nation. Avec tous les malheurs, les injustices, les drames, les tragédies et les haines que cela engendre. Ce qui provoque, en retour, révolte souvent violente, et entraîne une répression violente, qui ne fait qu’accroître la violence et intensifier malheurs, tragédies et drames…
B) La violence des humains envers les animaux.
L’animal est un être vivant doué de sensibilité comme l’homme ; et comme l’homme il est inséré dans le flux de la vie. Nous traitons l’animal comme un simple objet marchand à notre entière disposition, et non comme un être vivant. L’élevage industriel parque les animaux dans des conditions indignes où ils subissent de grandes souffrances. Il y a le gavage des canards et des oies qui est une véritable torture, dont le but est de les rendre malades pour notre plaisir gastronomique. Il y a aussi les corridas où l’on torture un taureau pour le simple plaisir du spectacle, de même le combat de coqs… Et il y a également l’expérimentation animale… Ce comportement est en contradiction avec l’enseignement de Bouddha qui conseille la bienveillance, la compassion et l’équanimité envers tous les êtres animés, ainsi qu’avec l’Octuple Sentier (compréhension juste, pensée juste, action juste, etc…).
C) La violence envers la nature.
Violence envers notre environnement, envers notre planète. Pollutions diverses, disparition des forêts, destruction de la flore et de la faune, épuisement des ressources, des sols, manipulation du vivant (OGM, clonage, manipulations génétiques et technologiques).
L’homme moderne considère la nature, l’environnement, la planète entière comme son bien propre qui serait à sa disposition exclusive, qu’il peut donc exploiter comme bon lui semble et sans discernement. Il a une vision très dualiste de sa relation à la « Nature » : il y a la « Nature » d’un côté et lui de l’autre et au-dessus. L’homme occidental se considère comme le maître de la nature qu’il doit dominer et maîtriser. Alors qu’en réalité l’homme est un élément de celle-ci, il n’est pas à « l’extérieur » mais à « l’intérieur », pas « au-dessus », mais au même niveau !… Avec une telle mentalité on ne peut parler d’unité avec la nature, avec le cosmos, unité qui est la conséquence de notre pratique…
Pour compléter ce thème de la violence avec la nature voici un extrait d’une conférence récente de maître Roland Yuno Rech : « Notre civilisation occidentale dont le mode de penser s’étend au monde entier est une civilisation technicienne, orientée vers la maîtrise et l’exploitation de la nature. La crise actuelle dans le rapport de l’homme avec son environnement n’est pas un simple accident de parcours dans un processus de progrès infini. C’est la manifestation d’une attitude déséquilibrée de l’homme par rapport à la nature, dont l’origine remonte aux sources de notre culture (…). L’homme occidental s’est attaché à développer un esprit intellectuel comme moyen pour satisfaire ses désirs matériels. Or aucun objet ne peut satisfaire totalement le désir fondamental de l’homme qui est une recherche d’unité avec la nature. Plus cette aspiration spirituelle est négligée, plus on assiste à une multiplication incessante des désirs. Cela est même devenu le principal moteur de l’économie des pays occidentaux, et s’est traduit par une dégradation constante de l’environnement naturel et un gaspillage des ressources non renouvelables de la planète, sans compter les multiples pollutions. Le développement des désirs artificiels n’est qu’un enchaînement à l’ego limité qui ne fait qu’engendrer insatisfaction, peur et agressivité. La compétition individuelle se traduit au niveau international par la compétition entre les nations, tant au niveau économique que militaire. De cette compétition résulte un appauvrissement des plus pauvres tant à l’intérieur des pays dits développés que dans le tiers monde… ».
Finalement est violence tout ce qui contraint, manipule, trompe, impose, détruit… Quelles que soient les méthodes employées pour cela…
La violence nous apparaît comme une réaction naturelle pour résoudre un conflit : je reçois un « coup », je rends un « coup ». C’est la fameuse recommandation divine : « Œil pour œil, dent pour dent ». Alors que la violence ne fait qu’aggraver le conflit. Car la violence appelle la violence… On pense détruire le « mal » par la violence alors que l’on ne fait que l’entretenir, car la violence est elle-même le « mal ». « La violence est un enchaînement. Celui qui pense se libérer par elle forge sa propre chaîne ». (Lanza del Vasto).
La violence est négation de l’autre, elle viole l’humanité de celui qui la subit, mais aussi de celui qui l’exerce. Elle déshumanise la personne violente. Faire violence à l’autre c’est aussi être violent envers soi-même… La violence est négation de l’humanité en l’homme…
La question de la violence est essentielle car elle touche le sens même de notre existence. Nous avons tous en nous cette propension à la violence : la violence ce n’est pas seulement « l’autre », nous avons trop souvent tendance à voir les fautes des autres avant nos propres fautes. Mais la violence est aussi en chacun de nous. Si nous nous observons honnêtement et sans complaisance nous pouvons observer les tentations de violence et parfois la violence elle-même, dans nos comportements suivants les situations que nous vivons… Il n’y a pas les « bons » d’un côté et les « méchants » de l’autre, il n’y a pas « d’axe du mal » contre « l’axe du bien ». La frontière entre le bien » et « le mal », le bon et le mauvais, la violence et la non-violence passe à travers moi… Pourquoi en est-il ainsi ? Tout simplement parce-que nous cultivons tous en nous l’illusion d’un ego permanent, séparé et unique ! Nous en arrivons donc aux causes de la violence !
Quelles sont les causes de la violence ?
Bouddha nous l’enseigne dans son premier Sermon dit des « Quatre Nobles Vérités » et plus particulièrement dans la « deuxième Noble Vérité ». Celle-ci nous dit que le « mal être », l’insatisfaction existentielle (Dukkha), qui sont en l’homme trouvent leurs origines dans ce qu’il désigne par « la soif », c’est à dire cette avidité insatiable que nous avons tous en nous, qui est le moteur de la vie humaine (c’est un aspect du « samsara »). Avidité qui provient de notre ignorance de ce que nous sommes réellement. Nous nous prenons pour un ego stable, permanent, autonome, séparé et unique, chacun de nous se vit comme quelque chose d’absolu. Pour entretenir cette illusion, l’ego a besoin de s’affirmer, de s’imposer, d’être reconnu, de se protéger, de dominer, de s’approprier, afin de se sentir exister, et cela peut tout justifier dans la façon de nous comporter et explique en particulier l’existence de la violence. Car c’est en s’affrontant que « le moi » se forme, se délimite, s’oppose : il porte en lui la nécessité du conflit…
La course à « l’avoir », au « toujours plus » est la façon la plus naturelle pour l’ego de s’affirmer, s’imposer, dominer… « Avoir », s’approprier, dominer, nous rassure et nous conforte mais en même temps entretient l’insatisfaction ; ce qui alimente le cycle…
« Nous sommes tous engagés dans la poursuite du plaisir, sous une forme ou sous une autre, disait un maitre célèbre du 20em siècle, et pourquoi, poursuivait-il, la vie ne devrait-elle pas être guidée par le plaisir ? Pour la simple raison que le plaisir engendre nécessairement des frustrations, de la douleur, la peur et celles-ci la violence »… Dans ces paroles il faut entendre, par plaisir, l’avidité dans le sens bouddhique…
Tout l’enseignement de Bouddha nous montre que l’ego alimente les trois poisons en nous : l’avidité (« la soif »), la haine (ou la colère), l’ignorance.
Nous avons donc, dans notre existence (en schématisant quelque peu), l’enchaînement suivant souvent inéluctable : Ego → Affirmation de soi → Rivalité et frustration → Tension → Agressivité → Conflit → Colère (ou haine) → Violence…
De cette cause fondamentale, que nous montre la « 2ème Noble Vérité », dérivent les causes secondes. Il y a La peur (peur de l’autre, de l’inconnu, du différent…, peur qui s’enracine dans l’angoisse devant la mort), la frustration, la jalousie, l’impatience, l’orgueil, l’arrogance (recherche du pouvoir sur autrui et abus de ce pouvoir), la haine. La certitude d’avoir raison, de posséder la vérité, sont des sources de violence car elles font naître tension, agressivité et conflit, c’est l’intolérance… Il y a aussi le « désir mimétique » : on désire un objet uniquement parce qu’il est possédé ou convoité par l’autre. Ainsi cet objet prend de la valeur, il devient une nécessité et une cause de conflit.
C’est aussi par cette tendance à vouloir s’affirmer face aux autres que l’ego recherche le pouvoir sur autrui. Ainsi, celui ou ceux, qui ont un pouvoir, ont toujours tendance à le défendre, l’affirmer, le consolider, l’amplifier, et finalement à en abuser. C’est une conséquence de la « Soif » (l’avidité), ce que nous enseigne la deuxième Noble Vérité (voir ci-dessus).
Cette relation de domination est présente en chacun de nous, mais aussi dans les relations politiques et sociales. C’est la violence fondamentale au sein de la société. Comme nous l’avons vu plus haut, les relations sociales évoluent dans le cadre de rapports de force, la plupart du temps, inégalitaires où une personne, ou une catégorie sociale, sont en situation de domination sur d’autres. Ce qui engendre les injustices, les abus de pouvoir qui débouchent souvent sur des violences : protestations, manifestations, révoltes, répression souvent brutale… La société moderne fonctionne sur la compétition, la concurrence entre ses membres dans une organisation très hiérarchisée ce qui étouffe tout esprit de solidarité et de fraternité et favorise la violence. Dans ce cadre il est difficile de mettre en œuvre les « Quatre Nobles comportements » : la bienveillance, la compassion, la joie, l’équanimité. Il est également très difficile de mettre en œuvre les Préceptes ou développer l’esprit « Mushotoku » et d’une façon générale tout l’enseignement de Bouddha…
Devant ce problème de la violence il est peut être bon d’évoquer la notion de « Karma ». Nos actes lorsqu’ils sont intentionnels (pensés, paroles, actions), influencent notre personnalité. Ils laissent en nous des empreintes, des traces, créent des habitudes, des tendances (fruit du karma), qui vont déterminer notre façon d’agir en réponse aux situations qui s’offrent à nous. « Nous sommes maîtres de nos propres actes. Nous sommes les héritiers de nos propres actes ; nos actes sont la matrice dont nous sommes issu », disait le Bouddha. Il disait aussi : « si tu veux comprendre ta situation présente, regarde tes actions passées. Si tu veux connaître ta situation future observe tes actions présentes ».
C’est à dire que nous répondons à l’évènement, à la situation selon notre conditionnement…
Nos actes passés nous conditionnent et nous déterminent. Mais c’est un déterminisme qui ne nous est pas imposé de l’extérieur, c’est nous même qui le construisons.
On peut se libérer de ce déterminisme karmique si nous connaissons les causes qui nous font agir. Le Bouddha nous a expliqué les causes de « la souffrance », d’une façon plus détaillée que dans la deuxième Noble Vérité, à l’aide de la « Coproduction Conditionnée », encore appelée : « Les douze causes de l’Interdépendance », ou « Les douze facteurs de l’existence » (les « douze Innen » en japonais), et qui explique le fonctionnement et l’évolution des êtres dans l’existence (le Samsara). Nous existons en raison de causes et de conditions et l’enchaînement de celles-ci a pour résultat « la souffrance »…
« Si je comprends pourquoi je me mets en colère, je peux plus facilement éviter de me mettre en colère ». Il s’agit de comprendre comment fonctionne notre mental (notre esprit). Cela va nous faire connaître les causes qui nous font agir et ainsi nous donner la possibilité de nous libérer de l’emprise du karma. (Ou du moins l’atténuer), c’est-à-dire nous libérer de la souffrance, donc de la violence qui est en nous C’est la pratique de zazen liée à l’étude de l’enseignement de Bouddha qui nous permet de comprendre le fonctionnement de notre esprit et nous apporte cette libération. « Je n’enseigne qu’une chose, disait Bouddha, la « souffrance » et la libération de la « souffrance ». La violence étant un des aspects de la souffrance.
Bouddha nous enseigne que l’on peut se libérer de la souffrance, donc de la violence qui est en nous. « Cette violence que je reconnais dans mes colères, dans mes exigences, dans mes jalousies, dans mes haines, dans les inimitiés que j’ai suscitées, dans mes disputes, dans les exclusions et les rejets que j’ai provoqués… », disait un philosophe.
Ce qui nous amène à aborder le thème de la non-violence…
Qu’est-ce que la non-violence ?
Tout d’abord au sujet du mot lui-même.
C’est Gandhi qui a introduit ce terme en traduisant le mot sanskrit « Ahimsa » par « non-violence ». « Ahimsa » est un terme couramment employé dans les textes Hindouistes, Jaïns et Bouddhistes, il signifie non-nuisance, ne pas nuire… Mais la traduction par « non-violence » n’est pas tout à fait adéquate.
Ahimsa est formée par le préfixe négatif « a » et la racine « himsa » qui signifie « nuisance », « désir de nuire ». Le mot français qui se rapprocherait le plus, étymologiquement, de « ahimsa » serait « innocence » si son sens n’avait pas dérivé. Innocence vient du latin « in-nocens », « nocens » venant du verbe « nocere » qui signifie : nuire, faire du mal (et qui a donné « nocif »). A l’origine donc « innocence » signifiait ne pas nuire, ne pas faire du mal à quelqu’un, comme le terme « ahimsa ».
« Ahimsa » a donc un sens plus large que « non-violence » puisqu’on peut nuire à quelqun sans employer la force brutale, nous l’avons vu plus haut en examinant les causes de la violence. Mais on va considérer, que « non-violence » est synonyme de « ahimsa ».
Donc, « non-violence » (ahimsa), signifie s’abstenir de nuire à autrui, et de faire violence à un être vivant…
La non-violence s’enracine dans les plus anciennes traditions spirituelles de l’humanité : hindouisme, bouddhisme, christianisme, le taoïsme, et bien d’autres traditions spirituelles ou religieuses… Mais c’est surtout l’action de Gandhi qui a fait connaître et populariser ce principe de vie et d’action qu’est la non-violence. Son enseignement et sa vie sont essentiels pour comprendre ce qu’est réellement la non-violence dans son principe et dans sa pratique… Mais Gandhi n’est pas resté au simple niveau de la morale individuelle. Pour lui la non-violence est une manière globale de vivre ; non seulement au niveau des relations entre personnes, mais aussi au niveau des rapports sociaux, de l’organisation sociale, politique économique de la société. Il envisageait une organisation sociale basée sur les principes de la non-violence qui aurait permis une vie solidaire fraternelle et harmonieuse entre ses membres et avec l’environnement, dont les fondements seraient la coopération et non la compétition…
Le mot « non-violence » désigne d’abord un principe philosophique, éthique, spirituel, une recherche de sens au niveau personnel, une philosophie de vie, un art de vie. C’est donc une attitude, un comportement, une façon d’être.
C’est avoir un regard de bienveillance envers les autres quels qu’ils soient : l’inconnu, l’étranger, l’intrus, l’ennemi, l’animal, tout ce qui est vivant. « La non-violence s’exprime par la bienveillance envers tout ce qui vit » disait Gandhi. Il disait aussi, symétriquement, « la non-violence est l’absence totale de malveillance à l’encontre de tout ce qui vit »…
Nous retrouvons là les fondements de l’enseignement de Bouddha quand il nous invite à suivre les « Quatre Nobles Comportements », que sont : la bienveillance (ou amour universel) envers tout ce qui vit, la compassion (être en empathie avec ceux qui souffrent), la joie illimité (être en empathie avec ceux qui sont dans la joie), l’équanimité (égalité d’âme, sérénité, ne pas faire de préférence, regarder les autres d’un œil égal quel qu’ils soient)…
La non-violence c’est dire non à la violence. « La violence est la loi de la brute, la non-violence la loi de l’homme », disait Gandhi…
Elle ne peut s’exprimer que s’il y a conflit. Si nous sommes dans une situation sans conflit, où tout « baigne dans l’huile », nous ne pouvons pas savoir si nous sommes non-violents ; nous le saurons lorsque nous nous trouverons face à un conflit et comment nous réagirons dans ce conflit…
L’existence est faite de relations (C’est ce qu’on appelle « l’interdépendance »). Avec l’impermanence elle n’est faite que de cela. La « relation » est le fondement même de l’existence, nous n’existons que par cela : relation au monde, à l’environnement, aux autres. Or les relations humaines sont souvent des relations de conflit (C’est une des caractéristiques du « Samsara », comme nous l’enseignent « les Quatre Nobles Vérités »), conflits plus ou moins graves, plus ou moins importants.
Alors que faire dans une telle situation de conflit ? Quelles sont les attitudes que nous pouvons avoir dans un conflit ? Il y a en cinq possibles :
- On ne veut pas voir le conflit, on fait comme s’il n’y en avait pas, on laisse les choses pourrir et finalement s’aggraver à la longue…
- Essayer de le résoudre en utilisant la violence quelle que soit la forme utilisée…
- Prendre la fuite, poussé par la peur et la lâcheté…
- Faire acte de soumission, capituler, ce qui est aussi commandé par la peur et la lâcheté… (Finalement toutes ces attitudes sont très courantes).
- La 5em attitude est la non-violence : c’est-à-dire que l’on n’élude pas le conflit, mais on n’utilise pas la violence, on ne fuit pas, on ne se soumet pas. On essai de le résoudre de façon à ne pas nuire à quiconque…
Il faut bien comprendre que le but de la non-violence n’est pas de vaincre, mais de résoudre le conflit par la réconciliation. Dans un conflit résolu par la non-violence il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. La non-violence veut simplement briser l’enchaînement dans lequel nous entraîne la violence… C’est ce que veut dire Bouddha dans le « Dhammapada » :
« La victoire (sur les autres par la violence) engendre la haine, le vaincu vit dans la souffrance. Le paisible (le non-violent), vit heureux abandonnant victoire et défaite ». (Dhammapada, 201).
Il n’y a pas de méthode préétablit à suivre pour résoudre un conflit, les situations conflictuelles étant toujours très différentes les unes des autres. Mais comme le disait Lanza Del Vasto, disciple chrétien de Gandhi, « la non-violence est une manière de faire et d’agir qui découle d’une manière d’être ». Ce qui signifie que notre attitude face à un conflit va dépendre de ce que nous somme intérieurement, de notre façon « d’être ».
La non-violence est tout à fait étrangère aux habitudes communes qui sont de répondre par la violence si on est agressé… Il faut donc tourner le dos à ces habitudes communes. C’est ce que nous enseigne Maître Dogen dans le « Fukanzazengi » : « Vous devez apprendre le demi-tour qui dirige votre lumière vers l’intérieur pour illuminer votre vraie nature. Le corps et l’esprit s’effaceront d’eux-mêmes et votre véritable nature apparaîtra… ».
Ce qui nous ramène à l’enseignement de Bouddha, fondamentalement non-violent, qui nous invite à ce demi-tour dont nous parle maître Dogen. Nous en avons étudié quelques grandes lignes au cours des divers ateliers qui nous ont réunis plusieurs fois…
L’attitude non-violente est donc le fruit d’un travail sur soi. Pour nous il s’agit de la pratique de zazen liée à la connaissance des principes fondamentaux du Dharma. On ne naît pas non-violent on le devient en se libérant du poids des trois poisons (avidité, haine, ignorance). Dans chaque situation dans laquelle nous nous trouvons, souvent conflictuelle, il faut trouver la parole juste, le geste juste, l’action juste qui, adapté à la situation, va désamorcer le conflit… « Juste » signifie que l’intention qui est à la source du comportement est mue par la bienveillance, la compassion et la sagesse, par les Quatre Nobles Comportements, évoqués plus haut.
Voici quelques enseignements de Bouddha qui peuvent nous éclairer sur l’attitude non-violente…
- « L’Octuple Sentier », que Bouddha nous propose pour réaliser la voie, (qui est « non-violence »), c’est : « compréhension juste, pensée juste, parole juste, action juste, moyens d’existences justes, effort juste, attention juste, concentration juste », nous avons vu la signification du mot « juste ». On a l’habitude de regrouper ces huit voies en trois groupes : la compréhension juste et la pensée juste représentent la « sagesse » ; la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence justes concernent « l’éthique », qui est détaillée dans la liste des dix Préceptes que l’on évoquera plus loin ; l’effort juste, l’attention juste, la concentration juste concernent la « discipline mentale », c’est-à-dire, non seulement la pratique de zazen dans le dojo, mais aussi l’intégration de ces trois voies dans tous les actes de notre vie quotidienne.
- Les Préceptes.
Le premier précepte : « Pranatipata » en sanskrit, qui a été traduit par « ne pas tuer » signifie en fait : « s’abstenir d’agir avec violence contre le principe vital d’un être vivant » (Prana=souffle vital). C’est tout à fait en rapport avec le sens « d’ahimsa », ce respect absolu envers toute vie qui est au cœur même du message de Bouddha.
Le 2em précepte : « ne pas prendre ce qui n’a pas été donné »,
le 3em : « ne pas convoiter », concerne aussi les relations sexuelles : ne pas considérer son ou sa partenaire comme un simple objet, mais avec respect,
le 4em : « ne pas mentir »,
le 5em : ne pas s’intoxiquer, c’est-à-dire ne pas consommer de drogues ou d’alcool qui altèrent le discernement et obscurcissent l’esprit,
le 6em : « ne pas critiquer »,
le 7em : ne pas s’admirer, concerne l’arrogance, l’orgueil, la vanité,
le 8em : ne pas être avare, signifie être généreux,
le 9em : « ne pas se mettre en colère », la colère étant une violence.
Tous ces comportements caractérisent une attitude non-violente… - Les « Paramita ».
La 1er : « la générosité » (le don),
la 2em ce sont « les préceptes » que nous venons de voir,
la 3em : « la patience », nous avons vu que l’impatience est une cause de violence,
la 4em : « L’effort », ou la force, pour ne pas se laisser entraîner par la tentation de la violence, la force c’est le courage et la détermination qui sont nécessaire dans un comportement non-violent. La force n’est pas forcément lié à la brutalité, on parle de force d’âme, de la force de l’amour, de la force intérieure, de la force morale, d’un mental fort, dans ce sens là, la force est une vertu synonyme de courage, de détermination…
La 5em : « la méditation » (zazen),
la 6em : « la sagesse » (Prajña, ou Hannya) qui est la « connaissance transcendante » que l’on acquiert lorsque le voile de l’ignorance est dissipé ce qui nous donne une claire vision des choses et de l’existence. - Il y a aussi les vœux du Bodhisattva, que nous chantons le soir en fin de zazen, en particulier le 1er : « aider les êtres à se libérer de la souffrance », donc de la violence. Celle-ci, que l’on en soit l’auteur ou qu’on la subisse est une des plus grandes des souffrances… Là il faut insister sur la notion de « Bodhisattva ». Ce personnage qui symbolise le couple compassion/sagesse que maître Deshimaru comparait aux deux ailes de l’oiseau car on ne peut les séparer. Le Bodhisattva est cet être éveillé qui reste dans le « Samsara » pour aider tous les êtres à se libérer de la souffrance. Cette figure du Bodhisattva nous montre l’importance que la bienveillance, la compassion et la sagesse, la non-violence ont dans l’enseignement de Bouddha. Pendant 45 ans Bouddha a toujours fortement insisté sur le respect absolu de tout être vivant, qui implique, non seulement le refus de tuer tout être sensible, mais aussi de ne pas lui nuire. Ce respect envers tout ce qui vit, qui se manifeste par une non-violence radicale, est au cœur du message du Bouddha qui nous montre que la violence a son origine dans l’avidité et l’attachement égotique…
- Le refus de la « loi du talion ». Dans un sutra du « Majjhima Nikaya », Bouddha enseigne : « Même si on te frappe avec la main, avec un bâton, ou avec un couteau, ton état d’esprit ne doit pas changer, tu n’auras pas de mauvaises pensées, tu répondras par la compassion et l’amour et sans aucune colère ». Ce qui fait écho à la parole de Jésus dans le « Sermon sur la montagne » : « Si on te frappe sur une joue, présente encore l’autre… », et à son invitation à l’amour des ennemis.
- La réalité de l’interdépendance. Comprendre que tout n’est que relations nous donne le sens de nos responsabilités dans nos rapports avec les autres et avec ce qui nous entoure. Puisque tout ce que nous faisons, disons et pensons déterminent nos façons d’agir et de nous comporter (c’est le karma), et a des conséquences sur autrui…
- La tolérance et l’ouverture d’esprit. Dans un sutra Bouddha parle de l’attitude à avoir envers les personnes qui ont une orientation spirituelle différente. Il conseille : « Vous pouvez dire “ma foi est la vérité”, mais vous ne pouvez absolument pas dire “ma foi est la seule vérité”… ».
- On peut rappeler aussi d’autres paroles de Bouddha :
« … Les conditions sont façonnées par le mental. Si avec un mental impur quelqu’un parle ou agit, alors la souffrance le suit aussi sûrement que la roue du char suit le pas du bœuf… Si avec un mental pur quelqu’un parle ou agit, alors le bonheur le suit comme son ombre qui jamais ne le quitte. » (Dhammapada, 1, 2).
« Jamais le haine n’éteint la haine en ce monde. Par l’amour seul la haine est éteinte… » (Dhammapada, 5)
« La victoire (sur les autres par la violence) engendre la haine, le vaincu vit dans la souffrance. Le paisible (le non-violent), vit heureux abandonnant victoire et défaite ». (Dhammapada), 201), que j’ai citée plus haut…
On voit donc que tout l’enseignement de Bouddha coïncide avec la description de ce qu’est la non-violence…
Dans l’enseignement de Bouddha on parle de « la Nature de Bouddha » qui est en chacun de nous, amis ou ennemis, dans le bandit comme dans « l’honnête homme », dans le sage comme dans l’insensé, dans le tyran comme dans l’homme pacifique… « Nature de Bouddha » qui désigne, en premier lieu, cette propension à l’éveil qui habite chaque humain. Donc aussi l’aspiration à la bienveillance, à la compassion, donc à la non-violence… Mais il y a aussi, en chacun, comme nous l’enseigne la « Deuxième Noble Vérité » la propension à la violence. Nous l’avons vu plus haut…
Et malheureusement, souvent, nous ne voulons pas voir nos propres complicités avec la violence.
C’est pour cela que dans une situation conflictuelle il est bon de se demander qu’elle est notre part de responsabilité, avec humilité et sincérité. Tout le monde peut se tromper, personne ne possède la vérité… Le mal et l’erreur, ainsi que l’esprit de justice et de bienveillance, sont en moi comme dans mon adversaire. Reconnaître notre propre responsabilité dans un conflit est le préalable à tout essai de résolution du conflit, c’est facilité cette résolution… Savoir écouter l’autre… Ne pas juger…
Comme nous le montre l’enseignement de Bouddha, la « Soif » qui est à l’origine de la violence est en chacun de nous. Il n’y a pas d’un côté les « bons », les « justes » et de l’autre les « méchants », il n’y a pas « d’axe du mal » et « d’axe du bien » comme l’a dit un homme politique très connu, il n’y a pas de « race de seigneurs » ou de « peuple élu », ou de peuple supérieur. La frontière entre le « bien » et le « mal », entre le « bon et le « méchant », entre « illusion » et « éveil », passe au travers de chacun de nous…
Mais la non-violence n’est pas seulement une morale, une éthique, qui nous guide dans nos relations personnelles au niveau familial, professionnel et dans la vie quotidienne. C’est aussi une méthode d’action, une stratégie au niveau social et collectif. C’est d’ailleurs dans ce domaine de l’action publique que la non-violence a été popularisée grâce aux actions de Gandhi, de Martin Luther King et de bien d’autres…
« La non-violence n’est pas une tactique, ni une technique, c’est une manière de faire qui découle d’une manière d’être » disait Lanza Del Vasto disciple de Gandhi. Pour lui, comme pour Gandhi, l’enseignement spirituel ne concerne pas seulement le salut personnel, mais aussi les questions sociales et politiques : « Il y a un lien étroit, disaient-ils, entre la vie spirituelle, le comportement éthique et l’action dans le monde»…
La non-violence (donc la voie du zen) est la porte qui ouvre le chemin du respect, de la bienveillance, de l’amour, de la compassion, ce qui détermine le comportement de l’homme dans ses actions au sein du monde, dans lequel il vit…
Nous ne pouvons donc être indifférents au sort des autres, de tout ce qui vit et qui nous entoure. Toute pratique spirituelle (comme le zen par exemple) nous ouvre à la vie collective…
Les Quatre Vœux du Bodhisattva : « aider tous les êtres »…, nous y invitent. On ne peut pas rester indifférent devant les injustices, les oppressions, l’exclusion, la misère, les guerres et donc, par conséquence, devant les causes, les lois, les agissements qui génèrent tous ces évènements dramatiques et violents…
Nous avons vu que les relations sociales évoluent dans le cadre de rapports de force le plus souvent inégalitaires où une personne, ou une catégorie sociale est en situation de domination sur d’autres. Ce qui engendre des lois injustes, des abus de pouvoir, des oppressions, des exclusions sources de violences et de guerres.
D’un point de vue éthique la non-violence nous demande de ne pas collaborer avec ce qui engendre la violence… « Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir » disait Gandhi, et il ajoutait : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde »… Martin Luther King reconnaissait la difficulté pour chacun de s’engager pour lutter contre l’injustice, ce qui lui a fait dire : « Beaucoup de gens n’ont pas de peur plus terrible que de prendre une position qui s’écarte nettement de l’opinion courante et il est très difficile de dire non quand le groupe dit oui ». Et le philosophe périgourdin Etienne de La Boëtie, disciple de cet autre périgourdin que fut Michel Montaigne, a écrit dans son célèbre « Discours sur la servitude volontaire » : « Ce qui fait la force de l’injustice ce n’est pas la loi injuste, c’est l’obéissance à la loi injuste ».
Un sutra relate comment Bouddha s’opposa à une guerre que s’apprêtaient à se faire deux rois (Sangama-sutra), d’autres textes relatent d’autres circonstances où Bouddha intervint personnellement pour éviter des conflits sanglants… Dans « Attadanta-sutra » il insiste sur la nécessité de la maîtrise de soi pour atteindre à la non-violence. Le Bouddha qui était très sensible à la souffrance des humains était très hostile à la violence, aux meurtres et aux tortures de toutes sortes. Dans plusieurs sutra il loue sans cesse la non-violence, la compassion et l’amitié entre les peuples et les individus. Pour lui il n’y a pas de guerres justes. Toutes les guerres sont condamnables, non seulement sur un plan éthique, mais aussi parce qu’elles reposent sur la haine et entretiennent la haine, parce qu’elles sont à l’origine de troubles, d’intolérance et provoque misère, drames et oppression, et ensuite parce que les humains finalement se battent pour des choses imaginaires qui reposent sur l’illusion et l’ignorance, et de plus sont impermanentes, éphémères et illusoires…
Concernant la non-violence au niveau social et politique on peut rappeler l’action de Gandhi pour l’indépendance de l’Inde, contre le système des castes et une organisation sociale plus solidaire. Celle de Martin Luther King contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, il était pasteur de l’Eglise protestante, « Le Christ nous donnait la motivation, Gandhi nous apportait la méthode », disait-il. Il y a aussi les écrits de Léon Tolstoï qui eurent une profonde influence sur Gandhi. On connait moins certaines luttes non violentes, comme par exemple en Norvège pendant la guerre 39/45 lorsque les nazis voulurent imposer le port de l’étoile jaune à tous les juifs du pays, tous les norvégiens se mirent à porter l’étoile jaune. Ainsi aucun juif de Norvège ne fut envoyé en camp de concentration. On peut citer aussi l’action non-violente des objecteurs de conscience pour ne pas participer à la guerre en Algérie, ou la lutte des paysans du Larzac contre l’extension du camp militaire qui les aurait expulsés de leur terre. Il y eut aussi l’Evêque Dom Elder Camara qui a œuvré contre l’injustice et la misère au Brésil dans les années 80. Il disait « Quand je viens en aide aux pauvres on dit que je suis un saint, mais lorsque je demande pourquoi les pauvres sont pauvres on me traite de communiste ! » On peut citer aussi Nelson Mandéla contre l’apartheid en Afrique du sud. De nos jours il y a le Dalaï-Lama et la dissidente birmane Aung San Suu Kyi opposante à la dictature militaire en Birmanie qui en est à sa vingtième année de prison ou de résidence surveillée…
Tous les jours dans le monde il y a des gens qui agissent de façon non-violente, souvent au péril de leur vie, contre l’injustice, la misère, les exclusions, les discriminations, les dévastations environnementales, les oppressions, les guerres…
La non-violence s’enracine dans les grandes traditions spirituelles et religieuses de l’humanité, je l’ai évoqué plus haut, ce qui signifie que toutes ces traditions portent en elles un message de non-violence. (Bouddhisme et religions monothéistes). Mais on peut remarquer, ce n’est pas un jugement mais un simple constat, que les religions monothéistes ont une vision très anthropocentrique du monde, l’homme est placé au centre de tout, le reste du monde vivant et la nature qui est lieu de vie sont pratiquement ignorés ; il n’en est pas ainsi dans les traditions extrêmes orientales, le Bouddhisme en particulier, qui voient en l’homme un élément de l’univers et non le centre.
Mais on peut affirmer aussi que la non-violence est une valeur universelle qui se situe au-delà de toutes les traditions, de toutes idéologies, elle concerne tous les humains de tous les lieux et de toutes les époques. Elle s’adresse à chacun d’entre nous en tant qu’individu et en tant que citoyen, citoyen dans son sens étymologique : membre de la « cité », c’est-à-dire de la société dans laquelle nous vivons, assumant pleinement sa responsabilité de membre. Mais cela va plus loin que le fait d’être membre de la société des hommes, car la réalité de l’interdépendance nous montre que nous avons un rapport étroit avec tout notre environnement, avec la nature qui nous entoure, même si nous ne le ressentons pas. L’univers, tous les êtres vivants, le cosmos, les plantes, l’eau, l’air, les animaux sont intimement liés et forment un tout indissociable. Chaque être vivant n’existe qu’à travers le maintien de cette relation.
Être non-violent c’est vivre pleinement cette relation d’interdépendance.