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Par Antonio Taishin Arana – Dojo de Pampelune (Espagne)
En ce temps de discrédit
je marche sur le sentier
avec les mains ouvertes
caressant les mûrs épis d’orge.
Intimité
Faisant la voie,
on marche en silencieuse coïncidence
jusqu’aux limites de notre domaine.
C’est le crépuscule,
et les arbres n’ont plus de feuilles.
A peine joueur
je sourit à chaque pas
dans cet allée-retour
d’illusions et d’éveils.
Chant de la dépossession
Seulement la lumière
silencieuse,
même pas le souffle.
Ni seuil,
Ni maison,
Ni voie où laisser l’empreinte.
Détaché de tout,
dépouillé,
pleinement habité.
Dans le potager,
orphelin ma peur et moi,
je déchire ma chemise
et l’abandonne maintenant
au caprice du temps.
Ces mains
qu’aux temps de discrédit
ont caressé ton corp et les épis
les caresse maintenant
le léger va-et-vient de la mer.
Faire le Vide
Approfondir et faire le vide sont une offrande à la vie, à tous les êtres vivants.
Creuser, creuser au même endroit, jusqu’à faire le puits
Approfondir jusqu’à atteindre la source d’eau vive, vivifiante
Eliminer le superflu.
Creuser, creuser jusqu’à atteindre le fond, le fond de l’âme.
Pure chute dans l’abime de la vacuité.
Et une fois atteint, sous la dure roche de basalte,
L’immanent, pressentir l’eau claire
De minuit,
Qui nourrit la vie une fois dépouillée de corps et d’esprit.
Et grâce à cette profondeur faire le vide de soi-même:
L’un avec le tout… il n’y a plus d’empreintes, il n’y a plus de traces… de rien.
Aucune importance.
Et les oiseaux ne ramènent plus de petites bêtes aquatiques pour étancher ta soif.
Ni les écureuils des fruits, ni les fourmis des grains.
Tu as disparu.
Aliment pour tous les êtres affamés.
Pour nourrir la terre,
Sans l’amour de laquelle, la solitude est désolation.
Et reste le rire, la rose, la joie partagée.
Et reste ce froncement de sourcils ensemble,
Et s’amuser en sautant, kimi, cher ami,
En approfondissant dans l’émerveillement le mystère.
Certifié par tous les êtres: C’est-à-dire rien.
Numeralis
Feuilles de-ci de-là: innombrables
Heure du matin: 7
Practiquants du dharma: 6
Arbres nus sur la place: 5
Pas sur le chemin ophite: 4
Degrés sous zéro: 3
Et tout, tout cela: 1
UN sans deux.
Dans tes yeux je me regarde :
Miroir
Fenêtre
si je te vois.
L´automne t´habille
de tes plus beaux vêtements :
ta nudité
Crédit Photos : Eric Tchéou