Gendronnière - Photo : Eric Tchéou

Edito du Président (NL #31)

Par Marc Chigen Estéban.

Cher(e)s ami(e)s,

il y a quelques jours, le Conseil d’administration de l’ABZE m’a élu nouveau Président de notre association. Ces quelques lignes me donnent la possibilité d’adresser mes remerciements et mon admiration à tous ceux qui participent activement au fonctionnement de l’ABZE depuis sa création, et tout particulièrement aux membres du Bureau sortant qui me font le plaisir de rester à mes côtés pour continuer à œuvrer pour notre grande sangha.

Bien sûr, je ne peux pas parler de remerciements sans exprimer, en mon nom personnel et en notre nom à tous, ma profonde gratitude à Roland Yuno Rech sans qui rien de tout cela n’existerait.

Enfin, en écrivant ces lignes, me viennent à l’esprit les visages de toutes celles et tous ceux avec qui j’ai le bonheur de partager la pratique depuis de nombreuses années, c’est-à-dire les membres de notre sangha. J’espère pouvoir leur rendre un peu de la confiance dans la pratique et de la joie qu’ils m’ont apporté et qu’ils continuent de m’apporter.

Je ne peux m’adresser à vous sans vous parler de l’année singulière à bien des égards que nous vivons. Notre sangha n’a pas échappé aux bouleversements liés à la crise du Covid-19 et pour la première fois depuis bien des années, le camp d’été en Belgique n’a pas pu avoir lieu ; de nombreuses sesshins ont également été annulées et les dojos ont fermé plusieurs mois.

LA TENTATION DE L’ISOLEMENT

La quasi-totalité d’entre nous ont continué à pratiquer seuls chez eux pendant le confinement. Plusieurs initiatives ont permis à des groupes de pratiquants de rester en lien, même virtuel, pendant cette période, grâce à diverses applications du Net. Ces liens, plusieurs en ont témoigné, ont été un grand soutien. Toutefois, ces liens virtuels si utiles pendant le confinement ne font pas une sangha au sens où nous l’entendons, et la pratique solitaire qui est une véritable difficulté dans certains cas, peut aussi se transformer en une pratique teintée d’un certain confort. L’isolement ne devient plus alors une contrainte, mais une tentation où l’on risque de glisser de « la » pratique à « ma » pratique.

La seconde erreur serait de se contenter d’attendre des jours meilleurs avant de retrouver le chemin du dojo. Nous devons bien sûr prendre avec le plus grand sérieux les règles sanitaires qui nous permettent de nous protéger collectivement, mais ces règles n’empêchent pas de continuer la pratique ensemble dans la mesure où nous pouvons adapter la pratique en fonction des lieux et des contraintes du moment.

LA SANGHA EST L’UN DES TROIS TRESORS

Le camp d’été prévu à la Gendronnière avec Roland a pu avoir lieu et s’est déroulé sans problèmes particuliers. Les règles sanitaires étaient strictes mais, pour chaque moment de la journée (zazen, cérémonies, samu, repas, etc…), une solution a été trouvée pour rappeler et respecter ces règles avec légèreté. Le nombre de participants était certes limité, mais tous ceux qui ont pu y participer ont profité de la bienveillance et du soutien de la sangha. Contrairement à ce qu’on aurait pu imaginer, la situation sanitaire n’a pas découragé les débutants qui étaient assez nombreux à tenter l’aventure et plusieurs personnes ont fait à cette occasion leur première sesshin et leur premier camp ! Au moment de partir, tous étaient enchantés de leur séjour.

On aurait pu aussi s’attendre également à un nombre limité d’ordinations, mais ça n’a pas été le cas. J’ai été particulièrement ému de voir ces nouveaux ordonnés exprimer leur foi et leur confiance dans les Trois Trésors et donc dans la sangha.

LA SANGHA NOUS PROTEGE ET NOUS DEVONS LA PROTEGER

Prendre refuge dans la sangha n’est pas seulement un acte symbolique au moment de l’ordination, c’est un acte répété chaque fois que nous nous rendons au dojo pour pratiquer avec les autres. Pratiquer ensemble, c’est prendre refuge dans la sangha et dans le même temps la protéger en la maintenant vivante. C’est exprimer notre compassion envers tous les êtres, en aidant à maintenir cette fenêtre grande ouverte sur le monde où chacun peut être accueilli quelle que soit son histoire et son origine, pour peu qu’il exprime la volonté sincère d’étudier le Dharma.

Parmi tous les Maîtres de notre tradition, aucun n’a manqué de pratiquer avec la sangha.

Aussi, malgré ces temps difficiles, et en respectant bien entendu les contraintes que nous impose la situation sanitaire, il est important, si nous en avons la possibilité, de continuer à se retrouver dans les dojos, dans les sesshins, pour pratiquer ensemble.

Crédit photo : Eric Tchéou