Entretien avec Lucas, 29 ans
Comment as-tu rencontré le zen ?
En fait, j’ai commencé par la Pleine conscience. J’étais à un stade de ma vie où je ne savais pas où j’allais, où je me sentais mal. J’ai donc fait un genre de formation à la Pleine conscience. J’ai été très impressionné par le fait que l’on s’assoit et que l’on s’étudie soi-même sans beaucoup agir. Après cette formation, j’ai voulu continuer, mais il n’y avait pas dans les environs une communauté avec laquelle j’aurais pu pratiquer de manière régulière. Ma compagne m’a alors conseillé le zen. J’ai essayé, j’ai trouvé la pratique très enrichissante et j’ai continué.
Est-ce que tu pratiques dans un dojo ?
Oui. On a d’abord essayé de pratiquer zazen à la maison et parfois je le fais après le travail. Mais c’est beaucoup plus facile de pratiquer quand on se dit : « on va au dojo une ou deux fois par semaine », car on y rencontre des gens. Je crois que le groupe est toujours plus fort que l’individu. De plus, le zen dans un dojo, c’est vraiment structuré et … ce n’est pas cher.
Quelles expériences fais-tu pendant zazen ?
C’est assez surprenant vu la simplicité de la méditation. Si l’on dit à quelqu’un : « assieds-toi pendant 40 minutes », il ne va sans doute pas comprendre, mais en fait il se passe plein de choses.
La première chose : c’est prendre conscience. Tu regardes à l’intérieur, tu t’observes, tu vois ce qui se passe et comme ça, tu apprends à te connaitre toi-même. Nous sommes tous avec des tensions, des préoccupations, avec des choses qu’on réprime, qu’on élimine de notre conscience, mais qui sont bien là et qui remontent. Souvent, je pense que nos réactions négatives sont dues au fait que l’on n’est pas conscient de ce qui nous anime.
Une autre chose, (et c’est vraiment une très vieille technique philosophique), c’est apprendre à accepter les choses. Parfois on est frustré que les choses changent. Mais une fois qu’on a accepté ce fait, on peut changer les choses. C’est vraiment génial. En acceptant ce que tu dois accepter, tu es plus capable de maîtriser ta propre vie. Tu n’épuises pas ton énergie dans des choses qui vont à contre-courant, tu marches avec le courant des choses.
D’après toi, quel est le rôle du zen dans la société actuelle ?
D’un point de vue global, la situation de notre civilisation est catastrophique. Les gens vivent pour consommer, pour partager sur les réseaux sociaux, pour avoir plus de choses, être plus confortable … mais cela ne les rend pas heureux.
Je pense qu’il y a eu un effondrement spirituel. Le Christianisme a un problème, parce que ça fait 250 ans que beaucoup de grands penseurs n’y croient plus. En Occident et en Europe en particulier, on est très coupé des traditions, on ne prend plus rien au sérieux. On pense que c’est cela la liberté, la consommation, le confort, mais chacun est préoccupé par soi-même et on devient névrosé. Or tout ça n’est rien face à la mort, car de toutes façons, nous allons mourir. Il faut donc vraiment faire face à la mort au lieu de se dire : « non, je regarde la télé, je ne veux pas y penser ». Bref, on peut vivre comme ça, mais j’ai l’impression que pour les Européens, il faut qu’il y ait l’apport de « quelque chose d’oriental » comme le zen ou le Bouddhisme. Ils ont moins de mal à prendre cela au sérieux, car c’est un peu solennel.
Le zen est une pratique, un travail sur soi-même. Même si les autres pensent mal ou font du mal, travaille d’abord sur toi-même ! Et par ce que tu apprends, par ton « bien-être », tu vas influencer les gens autour de toi. C’est évident, parce qu’on est tous reliés. Je trouve que le zen est vraiment une voie d’espoir.