Traductions ABZE disponibles (PDF) :
Par Gisèle Couvreur du dojo de Halle (Belgique)
Il y a un an, dans la petite commune d’Etterbeek (Bruxelles), quelques personnes ont mis en place un projet appelé le « Free go ».
A l’origine, le « Free go » est une création de jeunes étudiants de l’Université Libre de Bruxelles qui voulaient venir en aide aux nombreux étudiants dont le budget ne permetn pas de se nourrir décemment.
Ils ont eu la bonne idée de récupérer les « invendus » des magasins et sandwicheries du campus universitaire et des alentours. Les marchandises ainsi récoltées étaient partagées entre les étudiants.
Mais très vite, la demande a dépassé la possibilité de stockage. Ils ont alors demandé à disposer d’un local et récupéré des frigos pour pouvoir stocker les aliments et les mettre ainsi à la disposition de tous.
Et le « Free go » était né…
Très vite, cette initiative a été copiée dans les communes Bruxelloises. Notre commune n’a pas été en reste et a créé aussi son « Free go ».
Pour ce faire, elle a mis à notre disposition gracieusement un local de deux pièces, sans nous faire payer de charges.
Nous avons alors récupéré des frigos (trois et un grand congélateur) et une petite annonce dans le journal local a suffi pour recruter la petite équipe de bénévoles qui anime le projet.
L’objectif est bien sûr d’éviter le gaspillage alimentaire …
Nous sommes une quinzaine de bénévoles qui offrent deux fois par semaine durant une heure les « invendus » de deux boulangeries, de trois magasins bio, d’une grande sandwicherie bio, ainsi que des marchands ambulants de notre marché dominical local.
Il y a des équipes qui récupèrent les « invendus » et deux équipes de 5 personnes qui les redistribuent.
Pour savoir comment tout cela fonctionne, je me suis rendue dans deux « Free go » des communes voisines, mais en tant que demanderesse.
J’ai pu observer combien c’était humiliant de faire la file pour recevoir une petite quantité à manger, et pour une personne seulement, que vous viviez seul ou pas !
Il y avait aussi des tensions dans la file d’attente, chacun désirant ne pas être dépassé par les autres …
Et enfin, il fallait donner son nom…
Lorsque j’ai intégré l’équipe de ma commune, nous avons suivi une formation à l’A.F.S.C.A.(l’Association Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire), afin de savoir ce que nous pouvions faire ou pas en matière d’hygiène et du respect de la chaîne du froid.
Très vite, nous avons eu beaucoup de monde devant la porte, jusqu’à 70 personnes par soirée, et très rapidement aussi les tensions ont commencé à naître dans la file d’attente.
Tout naturellement, j’ai proposé de gérer les personnes qui attendaient dehors, car en plus de ces tensions se posait le problème de l’exiguïté du local, avec donc un stress supplémentaire pour les bénévoles.
Je me suis donc positionnée devant la porte et me suis mise à discuter avec chaque personne. J’ai appris ainsi à les connaître et j’ai fait retomber la tension en expliquant qu’ils faisaient du bien à la planète, que grâce à eux il y avait moins de gaspillage.
Nous avons aussi commencé à échanger des recettes à faire avec les fruits et légumes que nous recevions parfois en grosses quantités.
Les tensions ont disparu et les gens qui arrivent bien à l’avance font la file avec le sourire, ils nous saluent et nous aident lorsque nous arrivons avec les bras chargés de marchandises.
Chez nous, pas besoin de donner son nom et les personnes prennent ce dont elles ont besoin.
Afin que chacun puisse avoir quelque chose, je compte et recompte les personnes qui attendent patiemment parfois sous la pluie ou comme hier dans le froid.
J’informe mes collègues de leur nombre afin qu’elles puissent gérer les quantités à distribuer, car rien ne doit rester dans le local !
Vu le petit espace dont nous disposons, une fois toutes les marchandises installées, je veille également à ce qu’il n’y ait dans le local – en plus des bénévoles – que cinq personnes à la fois (mais en permanence).
Lorsqu’il arrive qu’il reste des aliments, nous cherchons et trouvons des solutions pour éviter que ces aliments n’aillent à la poubelle, soit en les dispatchant vers d’autres associations, soit en les congelant.
Je consacre au moins 5 heures par semaine à ce bénévolat, parce que j’habite tout près du local et aussi parce que je le veux ainsi. Mais d’autres en font tout autant, si pas plus ! Ce n’est pas important !
Ce qui est important, c’est d’être utile, de pouvoir réduire un peu les inégalités, mais surtout faire un petit geste pour la planète.
Et croyez-moi, rien ne vaut le sourire d’une maman, lorsque je lui demande si je peux donner une banane à son enfant.
Comme je l’ai expliqué lors de la fête des bénévoles à laquelle j’étais invitée, être bénévole est un beau cadeau, c’est comme faire samu.
Faire samu, c’est un cadeau pour celui qui le fait, ceux qui le reçoivent, la planète et l’univers.
C’est comme de la poussière d’étoile qui touche toute chose et toute personne qui sait la voir et la recevoir.
Photo by Sarah Ball on Unsplash