Extrait de Contes Zen de Maître Ryokan (1758-1831) Le moine au cœur d’enfant
Traduction du japonais et adaptation par Claire S. Fontaine, 2 e édition (Le Courrier du Livre 2001-2002)
Quand le maître passait de maison en maison, avec son enfant-bol, pour mendier, il n’était pas rare qu’on
l’invite à entrer. Le plus souvent, il refusait poliment, mais quand on lui demandait conseil ou quand il
savait qu’il avait affaire à un malade, il s’arrêtait et prodiguait des soins. Avec une grande délicatesse, il
aidait à manger, à se lever, à se coucher ceux qui ne pouvaient le faire seuls. Parfois, il donnait des
massages ou faisait des applications de moxas, cette ancienne méthode de médicine chinoise.
Un jour, quelqu’un vint lui demander :
- Demain, pourriez-vous me faire des moxas ?
Sans lui répondre clairement : oui, demain je vous ferai des moxas, il dit : - Demain, c’est demain.
Dans la voie du zen, on accorde la plus grande importance au moment présent. On ne remet pas au
lendemain. Qui peut savoir ce qui va se passer entre cet instant présent et le lendemain ?
L’adage : Ichi go ichi ie, « Une seule fois, une seule rencontre » est très apprécié dans le monde du zen.
Le maître savait bien se servir de situations vécues pour éclairer ceux qu’il rencontrait.