Questions sur le thème « Crise de la civilisation »

Contributions de la sangha à la préparation du thème, mars 2023

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Dans notre dojo, les questions concernent la vie quotidienne vécue à partir de la pratique au milieu des bouleversements actuels. Pour ma part, je pense qu’un des problèmes les plus importants concerne le complotisme sous toutes ses formes car je constate que les sangha (en général) ne sont pas épargnées par les croyances issues des réseaux sociaux, le dogmatisme antivax etc. Il serait intéressant de considérer ce phénomène comme une manifestation du « mental-singe » propre à chacun et amplifié par tous les moyens numériques, mais également sous l’angle d’un « besoin d’illusion ».

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Les problèmes auxquels on doit t faire face sont : la crise climatique, la destruction des espèces, l’augmentation des fausses nouvelles et les théories conspirationnistes qui sapent la démocratie, les conflits entre états démocratiques et autocratiques – la situation actuelle en Ukraine avec la Russie, et peut-être à venir avec la Chine.

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(Questions résumées)

Incertitude / Peur

Comment puis-je me préparer à un avenir incertain ? Nous avons trop de tout ! Dois-je tout donner maintenant ? Peut-être qu’une grande détresse surviendra et que j’aurai à nouveau besoin de ces choses.

Comment puis-je décider de ce qui mérite d’être soutenu, de ce qui est durable ? Je voudrais aider, mais je ne sais pas vraiment par où commencer.

Dans quelle mesure dois-je/puis-je consommer les mauvaises nouvelles diffusées par les médias et comment dois-je les gérer ?

Je souhaite un autre monde pour mes enfants.

Plusieurs pays veulent décider de livrer des chars lourds à l’Ukraine. Cela pourrait favoriser une nouvelle escalade au lieu d’une pacification. Est-ce le début d’une fin encore plus terrible ?

Toute ma vie, j’ai adopté une attitude pacifiste. J’y crois toujours en fait, mais d’un autre côté, je vois bien qu’il faut fixer des limites à Poutine, sinon il pourrait être insatiable. Le soutien à l’utilisation d’armes de guerre me répugne. Je ne sais plus ce qui est juste et ce que je défends.

Poutine me fait peur. Pas seulement lui, mais le gouvernement russe, car il n’est que la figure de proue. J’ai peur pour mes enfants, pour ma famille. Et si Poutine utilisait des armes nucléaires ?

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Colère

Aurai-je la force de supporter le pire sans tomber dans la haine ?

En tant que pratiquant du zen, puis-je faire abstraction des nombreuses questions qui se posent actuellement et me concentrer entièrement sur ma pratique ? Si non – que puis-je faire ?

Je suis très en colère à l’égard des entreprises médiatiques. Comment ne pas se laisser instrumentaliser par les médias ?

La colère, la haine et l’aveuglement sont à la racine : cela concerne les belligérants. Comment ces gens peuvent-ils encore dormir ?

Sommes-nous les gentils qui « font tout bien » et dehors, c’est le « monde méchant » ? Ne faisons-nous pas partie d’un tout ?

On parle beaucoup de la souffrance humaine. La souffrance des animaux – y compris dans les zones de guerre – est tellement inconcevable. Qui s’interroge à ce sujet ? Les guerres laissent derrière elles des paysages empoisonnés et minés. Qui pleure sur la pollution des rivières et des zones alluviales ?

Les crises et la souffrance sont difficiles à supporter. Je suis tellement en colère contre la stupidité des gens et je ne sais pas que faire de cette colère. Je ne veux pas l’ignorer non plus. Que puis-je faire ?

L’ignorance des gens m’énerve terriblement. Beaucoup ne prennent pas la crise au sérieux, ils ne se sentent pas directement concernés et ne changent pas leur comportement en vue d’améliorer la situation. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de gens à s’engager ensemble pour l’environnement, pour la paix, pour la justice ?

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Devenir insensible

Je me sens émoussé. Comment puis-je développer de la compassion face à tant de souffrance ? Comment puis-je continuer à vivre si je me laisse réellement aller à toute cette douleur ?

Les informations constantes sur les crises de ces dernières années m’ont conduit à un émoussement. Lorsque j’entends qu’un forcené a tué quelques personnes, cela ne m’émeut plus guère. Ce sentiment d’insensibilité m’inquiète.

Je suis effrayé par le fait que je me suis déjà en quelque sorte habitué aux crises. Je ne prête plus guère attention à certains événements. Jusqu’à quel point est-ce normal ?

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Injustice, sentiment de culpabilité

Toutes les crises qui se conjuguent actuellement me semblent tellement injustes. Je me sens presque coupable que d’autres doivent endurer tant de souffrances et pas moi. Comment puis-je encore me réjouir face à tout cela ?

Pourquoi les autres sont directement touchés par les crises et pas moi ? Ce doit être le hasard, ce n’est pas juste.

J’ai beaucoup changé mon comportement pour ne pas accélérer le changement climatique. Cependant, je me sens toujours coupable lorsque je prends quand même ma voiture ou que je m’offre quelque chose qui n’est pas absolument nécessaire. Comment puis-je trouver un sain équilibre ?

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Humanité

La guerre fait partie de l’humanité. Il semblerait presque que l’homme se dirige vers la fin de son espèce et de son environnement. Peut-on encore planifier un avenir ?

Une vie pacifique à long terme entre humains est-elle possible ?

Comment se fait-il que l’humanité n’apprenne guère et continue à causer des souffrances aveugles ? D’un autre côté, ces crises m’amènent à me poser des questions plus profondes et plus pertinentes et à apprécier davantage de choses, comme la démocratie, qui allaient si naturellement de soi jusqu’à présent.

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Question à moi-même

Quelle est, ou sera, ma contribution personnelle à partir de maintenant ?

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Pas de questions

Pour moi, la pandémie est presque oubliée. Je suis plutôt confiant en ce qui concerne ma vie et je garde mes distances par rapport aux crises. Ce qui compte pour moi, c’est ce que je peux faire ici et maintenant. Chacun devrait regarder dans quelle mesure lui-même « est Poutine ».

La guerre en Ukraine n’a guère d’influence sur ma vie. Des crises, il y en a toujours et partout. Ce conflit éclipse toutes les autres crises permanentes, par exemple en Afrique. Je trouve donc cette compassion générale pour l’Ukraine un peu hypocrite.

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